"Dieu est mort, on a retrouvé son cadavre
dérivant en orbite autour de Cassiopée en 2019"
Philip K. Dick, Message de Frolix-8.





mardi 26 février 2008

4.

Caresse, geste, opéra, opératoire, ma main la maintient, ma queue, dont la lame dans ma paume, pour projection d'émoi, me, myself and I — raide, moi, raide, ma queue, raide, ma tête, raide en ta motte, raide en ton cul, les tendons de ton cou, les géométries trouées des os de ton crâne, tes crocs, tes cornes, tes griffes, tes seins, tes extensions corporelles, de poussière, compacte.

Incarnation en feed-back de l'idée de lui-même, pointu vers le ciel, avec éclaboussures de danse de la pluie (avec ou sans effet), ou Tuuli de Hedningarna (sur Trä4) sur lequel on danse seul, dans les flaques (éclaboussures), avec ma hache : hache béton, hache adoration, hache illusion, hache Walhäll, hache dont la lame est langue du serpent en nœud dans le panier de mes hanches, et le manche à prendre par toute encline à tirer plaisir de rigidité.

Quoi faire de ce bâton sinon, sinon l'habiller d'un autre humain, avec adjacence de peaux et danse comme cette nuit ma danse seul de spasmes et de sueur (que n'ai-je de ces seins qui dansent si bien, avec moins d'intentions que des mains), quoi faire de ma peau sinon, sinon en utiliser les deux faces et envelopper un autre humain, avec mélange d'intérieurs et d'extérieurs et danse comme cette nuit ma danse seul de cuir et de crâne contre l'amour de tous ?

Quand m'apparut que tous les mots du Logos n'existent que pour occuper les langues qui ne me lèchent pas la queue, levais le sourcil droit comme Peter Weller regardant sa machine à écrire se transformant en cafard géant à l'anus bavard dans The Naked Lunch de Cronenberg (exactement comme, sinon je ne ferais pas ce parallèle trivial) — quelqu'un lira ces lignes avec le déchirement même qui me les fait écrire et vivra même impuissance et saura qu'il n'y a d'espoir que de détruire sa conscience, qui n'a de valeur que dans sa mise en danger, comme l'intimité des adolescentes.

Cette nuit ma danse seul de tambour et de basse et l'ambiguë souffrance de mes muscles tendus et de mon sexe tendu violemment sec et projection de haine et désir et véhémence et danse de haches invisibles et jeu de regards ambigu (je suis myope) et muscles os tendons nerfs volonté tendus de cuir et carré noir aujourd'hui rythme lent battement soleil blanc d'ombres chaudes et froides et pliage en deux, en quatre, en huit, en seize, et trente-deux, en soixante-quatre et jusqu'à anéantissement dans l'infiniment plié dense et yeux pliés vers l'intérieur (je suis myope).

Tous mes jouets d'os et de poussière dont les regards divergent toujours, regards absents qui m'évitent toujours, mais j'en suis géniteur, sans pourtant assez de conviction pour les avoir baptisés d'une goutte de sperme — tous mes jouets de vibrations aveugles et de lumières simples, de jeux de muscles, de fausses émotions, de diégèses stéréotypées, d'impuissance et de douce désespérance — tous mes jouets à compresser bientôt en quelques données binaires et stocker sur impasse du réseau — tous mes jouets m'enchaînent !

Arrache tous mes bras : évite toute portée, tout porté — vierge moi, vierge comme ma main gauche, seins saupoudrés de magnésie en suppléance de mains inutiles, dans la rafale des images du monde et toujours titanesque érection qui m'épuise, coronaires asséchées s'effritent, lèvres blanches, œil renversé, vertiges (lent basculement perpétuel vers l'arrière de la nuque sur l'axe des hanches, repère absurde du regard, rotation), ongles s'enroulent, doigts recroquevillés bleuissent, reste-t-il assez de dent pour s'agripper une gorge rédemptrice, revivre à mordre un téton — repliant la lèvre inférieure sur les dents pour ne pas l'écorcher à la scie des incisives ?

C'est moi qui suce Céphalocoche-Grimace, son os en spirale, son tonnerre viking, c'est mieux que ne me suce, n'a que canines effilées, par mesquinerie.

Tordu dans mes draps de bois et d'inox par danse tension solitude, je me branle, putain, je me branle et offre mes enfants de poussière à Lilith, meute à consumer le réel : carrés noirs ou de bois ou d'inox aux trajectoires tranchantes et tournoyantes et noires ou de bois ou d'inox qui émondent le réel à l'ordre de la Blanche Nonpareille.

Oui, c'est ça, demain, je vais la voir et je vais lui dire : "Tu es Lilith — blanche — toujours celle d'avant", je ne lui dirai pas que je me suis branlé, que la trame noire du réel regorge de nos enfants noirs de bois et d'inox, que les tambours battent déjà, que la danse qui sera dansée sera de joie et de lames, que le réel vibre déjà de son prochain équarrissage, je lui dirais de se poudrer les seins de magnésie, mais je coincerai mes mains sous mes aisselles, mes dents sous mes lèvres, mon érection dans ma poche, je me dois au sinistre du réel, comme père de la poussière.

C'est avec des haches, des marteaux et des couteaux.

C'est avec des livres.

Ma danse seul de joie et de lames avec yeux rétrécis — hargne et héroïne — qui ne sait que meurtrir seins à sa portée, danse de sueur et peau, la danse en modèle pour la poussière : poussière qui vole, vole et porte cette danse seule de pine et d'os ! Vole !

Danse, vole !

Comme danse, chante de ces chansons paillardes de filles que la France crétine ignore, chansons où l'on suce, où l'on branle, où l'on aime et est aimée, léchée, baisée — après on danse nombreux nombreuses danses de haches et de fleurs, puis se saoule, puis danse et se saoule, puis honore linga couronné de fleurs au solstice d'été — la vraie vie, quoi.

Danse seul de haches et de poudre.

À un moment, on se retrouve à quatre pattes, sur genoux et coudes, ou mieux, poitrine et joue contre terre, seins écrasés, tétons s'excitant au frottement du sol, et on se fais enculer — on se fait enculer et c'est merveilleux, pas par os de Os-Anal-Roche-Rictasse, non, par dure et douce chair d'homme qui danse à deux danse de spasmes et de soupirs (Lilith en mère éplorée, peu crédible, tant mieux) — la vraie vie, quoi.

La piste des haches et famille des haches comme instruments à élaguer les membres parasites qui poussent à la danse, carré noirs sinueux et carrés blancs tortueux, les méandres des haches en leurs taxinomie et saga, les panoplies-portraits aux murailles de la piste, les danses de haches circonscrites de deux à trois dimensions, comme danse et indice, la poussière et la pluie, la pluie qui colle poussière de magnésie aux seins de Faye Wong et y dessine le territoire de mains tranchées en sacrifice — avec libations d'aquavit dans un crâne surdenté pointu.

Essaim d'enfants miens de sel et poussière compacts de solaire foudre perpétuelle, au berger d'os porcin indifférent à mâchoire tronçonneuse chantante d'un chant à danser de danse d'inox et de bois, se dissimule et pouffe derrière chaque atome de nuit, affûte son métal interne à tailler vibrations, et aller-retour hyperluminiques entre moi — moi raide, raides ma nuque, mes dendrites, mes axones, ma britannitude, ma bite qui soulève un peu la table — et le mur en face de moi qui est en fait la mère Faye Wong de mes avatars sales, enfants de cendres, mômes autonomes, hybrides trifides, lugubre luxure...

Par la hache taille costume de Prince de la Nuit d'opérette dans la matière du nocturne, seul sur un pont, la danse se termine et la source se tarie, Lilith n'a plus soif et je suis bien fatigué, et très vain, ce que je fais de bien, c'est lécher les jeunes filles : langue boutée dans le con et le cul, aspiration du bouton, longues caresses du plat et de l'estoc, chaleur de l'haleine, ventouse de lamproie en phase de convulsions, habile construction de lèvres, de dents, de langue et de tremblements, danse parlée du plus beau muscle.

Danse labiale, dentale, linguale, clito-anale, vaginale, discours contact, directement dit dans le ventre, en attente de la réponse d'enfants de mots prononcés très près (féconder par l'oreille est moins plaisant, et moins on est ange, plus on a de sexe, CQFD).

Cultive sous lèvre inférieure 3 cm2 de barbe douce dure et drue comme pinceau de plaisir, et demande qu'un con soit glabre, minimum de civilisation — il peut être plaisant que soient parfois râpeuses les lèvres des deux partenaires.

Aux temps que les haches étaient vivantes et honorées, sûrement les ventres étaient assez fertiles pour qu'on les puisse imprégner de mots et obtenir par murmure rapproché enfants de poussière impalpable à emplir les vides du réel, subtilement abrasive — aux temps où tout coupait au niveau submoléculaire, esprit et matière indifférenciés, poussière métallique coulant des neurones le long des nerfs jusqu'à la poignée de terre dans la main — maintenant toute la nuit toutes les nuits danser ne féconde ni n'incise, le réel est raté, le réel est inerte, qu'il soit tranché par la poudre dure !

Inerte l'érection, inertes les enfants, inerte la poussière, inerte le métal, inerte le réel, inerte le bois, inerte l'inox, inerte le cuir, inertes les carrés noirs, inertes les seins poudrés, inertes les jouets, inertes les os, inerte le langage, inerte Céphalocoche-Grimace, inerte la douleur, inertes les tambours, inertes les livres, inerte la peau, inerte le solstice d'été, inerte Faye Wong, et bientôt inerte la danse, inertes les haches, rien ne jouit, rien ne jouit, rien ne jouit, rien ne jouit, inerte.

Par l'os sucé de Asshole-Amoche-Vorace, mes petits fantasmes m'enculent à sec, écris kitsch comme ciel flamand d'avril au grandiose manqué, comme si quelque dieu parlait à travers moi, et dieu n'existe pas.

Range hache et bite au placard de ce qui a été, et danse slow motion si danse il y a, ou dance machine si danse il n'y a plus, quand chaque son est le gémissement de ce qui le produit, chaque vibration le grincement d'une chute, chaque onde le couinement d'une boite à oiseaux bousculée du coude par inadvertance, la seule harmonie celle d'un requiem, le seul requiem inharmonique, et, l'avions constaté, danse est seul.

Merci, la vie est courte.

4 Trä Hedningarna, SRSCD 21 ©1994 Silence Records.

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