"Dieu est mort, on a retrouvé son cadavre
dérivant en orbite autour de Cassiopée en 2019"
Philip K. Dick, Message de Frolix-8.





mardi 26 février 2008

1.

Crapaud, tête dans le pot !
Tête dans le pot, crapaud !

C'est Faye Wong, c'est de sa faute, c'est pas la mienne — c'est Bertram, c'est de sa faute, c'est pas la mienne — bien fait pour vous deux ; je suis Céphalocoche-Grimace et j'ai toutes mes dents, plus quelques-unes dans mes poches, pas exactement mes poches : on verra ça plus tard...

Occipital, sphénoïde, temporal, pariétal, frontal, ethmoïde...

Hurle-le-hurlant dit Céphalaccroche-Limace avec jolis trous ronds et douce accroche de lumière à la matière os, des brisures dentelées et Icônophore-de-masse pour délégations au Démiurge, au Bouc et autres marionnettes dont vous êtes marionnettes, mais je n'ai rien demandé à personne, on fera avec...

Vomer, maxillaire, unguis, malaire, nez et cornets inférieurs...

Rit Cérambyx-Croche-Climax, vous me faites bien rire mes jolis tourtereaux, mes canines d'hippopotame, je vous les carre dans le cul et vous emmène en voyage dans les rizières de l'horreur, l'horreur, l'horreur, et on suce, et en cadence, et on suce, et en cadence — sur requiem...

Mandibule, hyoïde par lesquels ricane...

Et le grand Z. serait né, aurait vécu, aurait porté parole pour lèchent murs et s'en face fassent petits tas dégoûtants, branlent fissures, tronchent plâtre, grincent poches, grattent creux, que fallait ? Macache, en lieu et place, lieux et places, Seth-Phallo-Crotte-Gueulasse et toutes ses dents, sauf qu'il en manque, restées fichées dans la graisse trop molle d'un faux Beuys rance vendu (et acheté)...

Canines, incisives, prémolaires, molaires...

Pue Fesse-Salope-Moche-Connasse fouette, ça devient moins glorieux, hein, les amours malheureuses embrunées, gasiorowskiées de drisse, regrette ne pas n'être qu'os, belles et beaux, bruits sexuels écorche-faces par les cornes, cornes de porc de Sex-Alarm-Mental-Floss-in-the-Ass (as pure rock'n'roll)...

Vertèbres. Vertèbres ? Vers ténèbres ! Pourquoi crois-tu que je n'ai pas de poches, couillon brachycéphale, J'AI PAS DE CORPS !

Pas de ventre, sac-à-merde, pas de bite, bande-mou, pas de mains puisque pas de poches, que du bel os de tête, plus homme que Céphalopode-Loquace quand me poussent les dents, qui ai tout du requin-juge, celui qui cause avant de tuer, qui dit :
" Avec mon petit marteau,
Avec mes petits clous,
Je fais de toi un dieu,
Pour les temps et les temps à venir.
Ça fait mal ?"
Bout d'os, bout d'os, bout d'os, bout d'os, bout d'os, bout d'os, bout d'os...

Butoh ? Ça rigole encore : Serrano-Morgue-Flash révèle avenir sur papier, Bela Lugosi sur CD, Porcus Porsinus comme corps de quelle écoute — la sinusoïde des mains de Salomé dansant a tranché une tête, qui traîne là dans une flache de lymphe avec ses grands yeux tout étonnés d'être devenus poissons, au son des marteaux : Hollywood-Anthropophage chante avec...

Copro-Acéphale dit : "Ssqquueelleettttee", ça veut dire "squelette" dans une espèce de métalangue conçue pour s'immiscer entre différents plans de la réalité, des fois que ça existerait, la réalité.

Alors, à qui la faute, une fois assouvi ce petit besoin de jouer à être misérable, une fois répandues les douce complaisance et commune reconnaissance dues au sus-évoqué Céphalo-Machin, appréciable marionnette de toute lâcheté ?

Tirez un coup, ça vous détendra.

Os, os, os, os, os, os, os, os...

Tête dans le pot, crapaud !
Crapaud, tête dans le pot !

2.

Danse nu ma danse nue dans ma chambre nue comme gros serpent blanc, mais avec mains sur hanches, avec flûtes (il y a aussi une Danse de la Flûte, assez martiale, je l'ai inventée hier).

On y pose doigts.

Chaque doigt tranché doit ramper, trouver un trou pour s'y greffer.

Encre.

Poser un œil sur un doigt : drôle d'escargot (dit Joe-l'Escargot) rampe dans mes cahiers, cherche un trou pour s'y greffer, ombre fugitive à pointe d'œil (droite à droite, gauche à gauche) d'antidelirium, à trace sanguignolente, est plus facile pour trouver un trou et s'y greffer, d'y voir.

Les suis à la trace sanguignolente, au goût, rampant, léchant vos traces, yeux et doigts perdus, comme gros serpent blanc danse à l'orée de la grosse lune blanche, mon ithyphallos (ma bite) inscrit un sillon dans la planche de ma chambre, y poussent droséras sucrés.

Un doigt complaisant m'a déjà trouvé le trou du cul, trou du cul, c'est de bonne guerre, c'est la guerre (la Danse de la Flûte s'exécute comme avec une épée, mais génère son propre souffle, sa musique propre).

La planche nue de ma chambre nue comme une plaie sanguignolente et complexe striée de crevasses fertiles où deux escargots hermaphrodites et huit limaces (on fait c'qu'on peut avec c'qu'on a) dispersent spores fécondées des infrabasses qu'un passage sur l'île de Saint Machin (dans la lagune de Venise, là où on peut toucher une souche qui serait celle de l'arbre poussé du bâton qu'y planta Saint François d'Assise de retour d'Albanie) et une enfance rêveuse m'ont greffée à l'oreille comme doigt dans un trou, et me ruissellent sur les épaules, ce qui me donne l'air rêveur.

Je ne peux pas écrire sur la musique : je m'arrête, j'écoute, je suis comme de glaise molle et deviens heureusement idiot, et je ne peux pas écrire sur la musique ; parfois je danse nu la Danse de la Flûte (se pratique avec une longue flûte indienne de bambou avec laquelle on fouette l'air, en obturant avec le pouce le trou qui ordinairement sert pour souffler, on peut produire d'infimes variations ; le soupir subtil et délicat que l'on obtient est délicieusement peu en rapport avec la véhémence que nécessite sa production).

L'utilisation des turntables n'est pas si loin de la danse non plus.

Aux bords tranchants des vinyles, on perd doigts qui dès qu'ils ont touché le sol, rampent à toute vitesse vers le trou le plus proche pour s'y greffer ; on se prend à rêver de régénération spontanée, et on sert les fesses.

J'aimerais juste que Faye Wong passe par-là à ce moment-là, et que mes doigts y trouvent forces trous pour s'y greffer, sauf les deux qui portent yeux, lents escargots, qui restent en arrière-garde pour filmer la scène, petits chéris.

Moi, je suis le DJ, je suis ce que je joue, danse derrière mes platines comme gros serpent blanc et gobe oiseaux pendant qu'elle soubresaute comme la greffe prend : doigts de pierres féconds, l'alourdissent de néphélims, mes enfants.

Bouge tête, épaules, hanches, comme un enfant me l'apprend, en riant, comme gros serpent blanc, depuis que je me suis rasé, et me fendre la langue d'un coup de scalpel, les tatouages prennent mieux sur le blanc.

Je me balance, je me balance, je me balance, je me balance, me balance, regarde-moi, je me balance, regarde-moi, tu es en mon pouvoir, je ssssuis le gros sssserpent blanc, je me balansssse, viens-z'à moi petite ssssalope, ssssuis des zzzzyeux ma dansssse ssssinuzzzzoïdale, acssssepte mes zzzzenfants dans ton ventre blanc, Sssssssssssh... (un peu comme les modulations des souffles et sifflements créés lors de la Danse de la Flûte).

Dans ma chambre, mes enfants de terre, les enfants de mes doigts, les enfants de mes yeux, les enfants de Faye Wong, enfants qui s'effritent malgré la garde impassible de Céphalocoche-Grimace, dans ma chambre, m'entraînent en spirale dans l'incestueux feed-back fécond et consanguin, et cette géniale idiotie…

Je ne peux pas écrire sur la musique : je m'arrête, j'écoute, je suis comme coups de mailloches sur la peau d'un tambour, une vibration de néant se solidifiant en un gros serpent blanc qui ondule idiotement, avec une tête pivotant à 360° pour recherches de doigts rampants, langue fendue au scalpel, suivant traces sanguignolentes au goût, bite, sillon, droséras, escargots : mes doigts, mes yeux et Mégaloloche-Biface, faute de viande fertile (haine, haine, haine, haine, haine), baisent avec terre et cailloux, ainsi font des ponts qu'empruntent mes enfants minéraux, cortège d'estropiés (entropie).

Il est sûrement question de marionnettes.

3.

Takemitsu Toru d'œil rouge carré darde son shakuhachi comme dans l'œil rouge d'un Lucifer ordinaire : feu d'artifice avec ouvrier et Lénine, trois jambes, une tête se lèche la bite tandis que l'autre mord la première à la nuque, deux bras, deux ailes, trois seins aux tétons crochus, c'est jeudi.

Et aussi : crâne de porcelet.

Et encore : ce que l'on peut estimer à une cinquantaine de rectangles diversement tournés et soit disant alignés, conneries !

Losanges du passé, fierté d'alors, gardiens du ridicule, écritures blanches, chants grégoriens, regards vides, soit morts, soit jamais vivants, soit masqués, soit abattus, soit fermés, soit inexistants, soit plats, soit dessinés, soit modelés, soit oubliés, soit exorbités, soit Céphalocoche-Grimace, c'est lundi.

Et aussi : aaaah ah ah ah aaaah aaaah ah aaah ah ah aaaaaah (mode lydien).

Et encore : la liste de tout ce que j'avais d'en retard la semaine dernière, conneries !

Et...

Carrés noirs, parfois carrés transparents avec disques noirs, avec écriture blanche, qui s'enroule ou s'aligne brusquement, du mur — mais impossible mur — mais du mur, brise d'Irlande qui me poussent les mamelles, fille d'Irlande, un peu sorcière, ceci expliquant peut-être cela, beaucoup de fausse nostalgie aussi, c'est vendredi.

Rouge comme une animale, je suis — un peu banshee, et que Céphalocoche-Grimace soit d'artifice syncrétisme n'en fait que mon lare de poche, pendant que Bertram joue et perd, pauvre petit con, ses enfants de poussière, les sème comme les îles dans la lagune de Venise, on ne s'en aperçoit que longtemps après, n'existent que pour avoir existé, et puis poussière, ou boue, de poussière et de sang, de poussière et d'humeurs, atrabile, bile, chassie, chyle, flegme, glaire, ichor, larme, lymphe, mélancolie, morve, mucosité, pituite, pus, roupie, salive, sanie, sueur, synovie, sécrétion vaginale, tout ce qui en femme est humide, mes petits seins rouges, c'était mardi.

Et aussi : aaaah ah ah ah aaaah aaaah ah aaah ah ah aaaaaah (mes gémissements).

Et encore : petites boîtes de plastique, oblongues, cercles d'argents, carré rouge, poing tendu, écritures blanches, membres épars, os, os de crâne, basses, infrabasses, chants de basses, hommes, mes hommes font du bruit, mélopées, petits cercles d'or, losanges transparents, tambours, mâchoires, membres de poussière, membres brisés, bruits en boîtes, armures de terre pour os de verre, tout cela brisé, épar, sonore, très sonore, depuis des jours et des jours et des jours et pas joui.

Danse, danse, danse, danse, saute, danse avec ma robe manga avec hublot sur mes seins, hublot sur mon cul, hublot sur ma chatte rouge, avec Teddy Bear armé de scies circulaires et Seburo™ molle armure et dure vêture, avec perruque rose manga, regard cathodique, regard anodin — là, tu espère très fort, Bertram, tu avais bu, aujourd'hui coupé au-dessus du nombril, une main veuve autour de la queue, ou l'un des enfants, c'est dimanche, au petit matin.

Et aussi : Amsterdam, où l'on m'abandonne pour une petite chinoise percée, trop facile, suis psychopompe, tu étais mort et A'dam les limbes et Adam Charon, samedi.

Et encore : combien de canines de cochon peut-on enfoncer dans ma chair blanche, ma chair rouge, la chair de mes seins rouges ?

Écritures blanches qui sont chansons sur lesquelles on danse, sur la mort de Bela Lugosi2, on danse sur la mort, plus c'est mort, plus on danse, je reboirai pour ta mort et pour danser, carrés noirs, et ça se chante comme suit :

"Je m'ennuie vraiment, je m'ennuie
Dans le champ plat !
Je m'ennuie, je m'ennuie vraiment
Dans le champ plat !3"
Ca marche aussi sur le rock lapon, va rampe vers le petit trou de toutes elles lapones lapines la pine occulte ampoule fumée regard peur viol basse homme vent violon noir beat bite transe, fatale confusion.

Danse, chaman — cercles de bois, disques de peau, tambour, beat, ronde — le Dieu Cornu et sa Petite Servante Rouge — cris perçants, flûtes, cordes frottées, sexes frottés, trépignements — ont dansé la réalité, ne pas danser est être dupe, comprends-tu, ne pas danser est être dupe, enregistre-ça, ne pas danser est être dupe, intègre-le, ne pas danser est être dupe, danser — mouvements, trajectoires, breaks, eaux d'un torrent, résistance des éléments, encore — c'est encore vendredi (jour du Drum & Bass).

Et aussi : carré rouge.

Et encore : tambours, marteaux, massues — oui, si j'étais une géante, je m'absorberais par le bas les massues du Pouvoir, j'en aurais loisir et usage éclairé pour les temps à venir, mais — peaux tendues à battre, drum machine, beatbox, troncs évidés, cœurs vides qui portent le son.

Écritures blanches, voici mon histoire (d'une voix grave) : noirs, rouges, roux, transparents, carrés, losanges, disques, briques, plastique, poussière, papier, chair, songe, modelé, dessiné, imprimé, écrit, souvenir, vision, illusion, hallucination, sensation, audition, danse, rythme, masturbation, fixation génitale, crucifixion, mort, momification, ossification, résurrection, voyage, amor, petit peuple, peau, tambour, violon, bass line, sound system, puis vient vers moi, comme d'habitude, mais cette fois s'approche à portée de souffle, portée de main et me prend à la gorge et me cogne crâne contre mur et comme m'effondre m'agrippe vêtements — coutures craquant m'écorchent peau — tire longue langue trifide, me lèche orifices, dégaine chibre de cuir brûlant et me carre au fond du ventre sa massue de Pouvoir et danse, beat, tambour interne, baratte de boue, sang et poussière — en voilà bien de la chair, cher Phallophore-Pugnace, on se la joue os, et on nous sort trente centimètres de pine vibrante, trop facile !

Braquemart-Fauche-Florasse : "c'est du bon bel os pénien peint en grenat, petite fille rouge de Tir Nan Og, tu aurais pu t'épiler la chatte avant que ne te baise, ton histoire n'intéresse personne, ce sera mercredi."

Et aussi : deux planches de bois.

Et aussi : aaaah ah ah ah aaaah aaaah ah aaah ah ah aaaaaah (mes étonnements).

Et encore : un tube cathodique comme le regard vide de celles qu'on viole.

Et encore encore : s'allonger et mourir — on s'est bien amusés.


2 Bela Lugosi's Dead Bauhaus, MCA/VA 1979.

3 In the Flat Field, In the Flat Field Bauhaus, 4AD Records, 1980.

4.

Caresse, geste, opéra, opératoire, ma main la maintient, ma queue, dont la lame dans ma paume, pour projection d'émoi, me, myself and I — raide, moi, raide, ma queue, raide, ma tête, raide en ta motte, raide en ton cul, les tendons de ton cou, les géométries trouées des os de ton crâne, tes crocs, tes cornes, tes griffes, tes seins, tes extensions corporelles, de poussière, compacte.

Incarnation en feed-back de l'idée de lui-même, pointu vers le ciel, avec éclaboussures de danse de la pluie (avec ou sans effet), ou Tuuli de Hedningarna (sur Trä4) sur lequel on danse seul, dans les flaques (éclaboussures), avec ma hache : hache béton, hache adoration, hache illusion, hache Walhäll, hache dont la lame est langue du serpent en nœud dans le panier de mes hanches, et le manche à prendre par toute encline à tirer plaisir de rigidité.

Quoi faire de ce bâton sinon, sinon l'habiller d'un autre humain, avec adjacence de peaux et danse comme cette nuit ma danse seul de spasmes et de sueur (que n'ai-je de ces seins qui dansent si bien, avec moins d'intentions que des mains), quoi faire de ma peau sinon, sinon en utiliser les deux faces et envelopper un autre humain, avec mélange d'intérieurs et d'extérieurs et danse comme cette nuit ma danse seul de cuir et de crâne contre l'amour de tous ?

Quand m'apparut que tous les mots du Logos n'existent que pour occuper les langues qui ne me lèchent pas la queue, levais le sourcil droit comme Peter Weller regardant sa machine à écrire se transformant en cafard géant à l'anus bavard dans The Naked Lunch de Cronenberg (exactement comme, sinon je ne ferais pas ce parallèle trivial) — quelqu'un lira ces lignes avec le déchirement même qui me les fait écrire et vivra même impuissance et saura qu'il n'y a d'espoir que de détruire sa conscience, qui n'a de valeur que dans sa mise en danger, comme l'intimité des adolescentes.

Cette nuit ma danse seul de tambour et de basse et l'ambiguë souffrance de mes muscles tendus et de mon sexe tendu violemment sec et projection de haine et désir et véhémence et danse de haches invisibles et jeu de regards ambigu (je suis myope) et muscles os tendons nerfs volonté tendus de cuir et carré noir aujourd'hui rythme lent battement soleil blanc d'ombres chaudes et froides et pliage en deux, en quatre, en huit, en seize, et trente-deux, en soixante-quatre et jusqu'à anéantissement dans l'infiniment plié dense et yeux pliés vers l'intérieur (je suis myope).

Tous mes jouets d'os et de poussière dont les regards divergent toujours, regards absents qui m'évitent toujours, mais j'en suis géniteur, sans pourtant assez de conviction pour les avoir baptisés d'une goutte de sperme — tous mes jouets de vibrations aveugles et de lumières simples, de jeux de muscles, de fausses émotions, de diégèses stéréotypées, d'impuissance et de douce désespérance — tous mes jouets à compresser bientôt en quelques données binaires et stocker sur impasse du réseau — tous mes jouets m'enchaînent !

Arrache tous mes bras : évite toute portée, tout porté — vierge moi, vierge comme ma main gauche, seins saupoudrés de magnésie en suppléance de mains inutiles, dans la rafale des images du monde et toujours titanesque érection qui m'épuise, coronaires asséchées s'effritent, lèvres blanches, œil renversé, vertiges (lent basculement perpétuel vers l'arrière de la nuque sur l'axe des hanches, repère absurde du regard, rotation), ongles s'enroulent, doigts recroquevillés bleuissent, reste-t-il assez de dent pour s'agripper une gorge rédemptrice, revivre à mordre un téton — repliant la lèvre inférieure sur les dents pour ne pas l'écorcher à la scie des incisives ?

C'est moi qui suce Céphalocoche-Grimace, son os en spirale, son tonnerre viking, c'est mieux que ne me suce, n'a que canines effilées, par mesquinerie.

Tordu dans mes draps de bois et d'inox par danse tension solitude, je me branle, putain, je me branle et offre mes enfants de poussière à Lilith, meute à consumer le réel : carrés noirs ou de bois ou d'inox aux trajectoires tranchantes et tournoyantes et noires ou de bois ou d'inox qui émondent le réel à l'ordre de la Blanche Nonpareille.

Oui, c'est ça, demain, je vais la voir et je vais lui dire : "Tu es Lilith — blanche — toujours celle d'avant", je ne lui dirai pas que je me suis branlé, que la trame noire du réel regorge de nos enfants noirs de bois et d'inox, que les tambours battent déjà, que la danse qui sera dansée sera de joie et de lames, que le réel vibre déjà de son prochain équarrissage, je lui dirais de se poudrer les seins de magnésie, mais je coincerai mes mains sous mes aisselles, mes dents sous mes lèvres, mon érection dans ma poche, je me dois au sinistre du réel, comme père de la poussière.

C'est avec des haches, des marteaux et des couteaux.

C'est avec des livres.

Ma danse seul de joie et de lames avec yeux rétrécis — hargne et héroïne — qui ne sait que meurtrir seins à sa portée, danse de sueur et peau, la danse en modèle pour la poussière : poussière qui vole, vole et porte cette danse seule de pine et d'os ! Vole !

Danse, vole !

Comme danse, chante de ces chansons paillardes de filles que la France crétine ignore, chansons où l'on suce, où l'on branle, où l'on aime et est aimée, léchée, baisée — après on danse nombreux nombreuses danses de haches et de fleurs, puis se saoule, puis danse et se saoule, puis honore linga couronné de fleurs au solstice d'été — la vraie vie, quoi.

Danse seul de haches et de poudre.

À un moment, on se retrouve à quatre pattes, sur genoux et coudes, ou mieux, poitrine et joue contre terre, seins écrasés, tétons s'excitant au frottement du sol, et on se fais enculer — on se fait enculer et c'est merveilleux, pas par os de Os-Anal-Roche-Rictasse, non, par dure et douce chair d'homme qui danse à deux danse de spasmes et de soupirs (Lilith en mère éplorée, peu crédible, tant mieux) — la vraie vie, quoi.

La piste des haches et famille des haches comme instruments à élaguer les membres parasites qui poussent à la danse, carré noirs sinueux et carrés blancs tortueux, les méandres des haches en leurs taxinomie et saga, les panoplies-portraits aux murailles de la piste, les danses de haches circonscrites de deux à trois dimensions, comme danse et indice, la poussière et la pluie, la pluie qui colle poussière de magnésie aux seins de Faye Wong et y dessine le territoire de mains tranchées en sacrifice — avec libations d'aquavit dans un crâne surdenté pointu.

Essaim d'enfants miens de sel et poussière compacts de solaire foudre perpétuelle, au berger d'os porcin indifférent à mâchoire tronçonneuse chantante d'un chant à danser de danse d'inox et de bois, se dissimule et pouffe derrière chaque atome de nuit, affûte son métal interne à tailler vibrations, et aller-retour hyperluminiques entre moi — moi raide, raides ma nuque, mes dendrites, mes axones, ma britannitude, ma bite qui soulève un peu la table — et le mur en face de moi qui est en fait la mère Faye Wong de mes avatars sales, enfants de cendres, mômes autonomes, hybrides trifides, lugubre luxure...

Par la hache taille costume de Prince de la Nuit d'opérette dans la matière du nocturne, seul sur un pont, la danse se termine et la source se tarie, Lilith n'a plus soif et je suis bien fatigué, et très vain, ce que je fais de bien, c'est lécher les jeunes filles : langue boutée dans le con et le cul, aspiration du bouton, longues caresses du plat et de l'estoc, chaleur de l'haleine, ventouse de lamproie en phase de convulsions, habile construction de lèvres, de dents, de langue et de tremblements, danse parlée du plus beau muscle.

Danse labiale, dentale, linguale, clito-anale, vaginale, discours contact, directement dit dans le ventre, en attente de la réponse d'enfants de mots prononcés très près (féconder par l'oreille est moins plaisant, et moins on est ange, plus on a de sexe, CQFD).

Cultive sous lèvre inférieure 3 cm2 de barbe douce dure et drue comme pinceau de plaisir, et demande qu'un con soit glabre, minimum de civilisation — il peut être plaisant que soient parfois râpeuses les lèvres des deux partenaires.

Aux temps que les haches étaient vivantes et honorées, sûrement les ventres étaient assez fertiles pour qu'on les puisse imprégner de mots et obtenir par murmure rapproché enfants de poussière impalpable à emplir les vides du réel, subtilement abrasive — aux temps où tout coupait au niveau submoléculaire, esprit et matière indifférenciés, poussière métallique coulant des neurones le long des nerfs jusqu'à la poignée de terre dans la main — maintenant toute la nuit toutes les nuits danser ne féconde ni n'incise, le réel est raté, le réel est inerte, qu'il soit tranché par la poudre dure !

Inerte l'érection, inertes les enfants, inerte la poussière, inerte le métal, inerte le réel, inerte le bois, inerte l'inox, inerte le cuir, inertes les carrés noirs, inertes les seins poudrés, inertes les jouets, inertes les os, inerte le langage, inerte Céphalocoche-Grimace, inerte la douleur, inertes les tambours, inertes les livres, inerte la peau, inerte le solstice d'été, inerte Faye Wong, et bientôt inerte la danse, inertes les haches, rien ne jouit, rien ne jouit, rien ne jouit, rien ne jouit, inerte.

Par l'os sucé de Asshole-Amoche-Vorace, mes petits fantasmes m'enculent à sec, écris kitsch comme ciel flamand d'avril au grandiose manqué, comme si quelque dieu parlait à travers moi, et dieu n'existe pas.

Range hache et bite au placard de ce qui a été, et danse slow motion si danse il y a, ou dance machine si danse il n'y a plus, quand chaque son est le gémissement de ce qui le produit, chaque vibration le grincement d'une chute, chaque onde le couinement d'une boite à oiseaux bousculée du coude par inadvertance, la seule harmonie celle d'un requiem, le seul requiem inharmonique, et, l'avions constaté, danse est seul.

Merci, la vie est courte.

4 Trä Hedningarna, SRSCD 21 ©1994 Silence Records.

samedi 23 février 2008

5.

Trop concret : dansé toute la nuit à Amsterdam sur le trance-core live act de SigMoon , trop concret, abandonné lambeaux de mon rapport au réel aux talons de cette petite Chinoise percée restée à A'dam alors que m'évanouissais — elle dansait étrangement, comme à reculons, ancrée dans un sol mouvant, ligne tracée sur le sol.

Trop concret : dissipé de mes trente ans au contact ténu d'une petite Chinoise ensuite évanouie ; inondé les draps noirs de mon lit noir de sperme et de sueur, stupide galop immobile vers cette elle, trop concret, lent stroboscope, ligne tracée sur le sol.
Trop concret : danser, passer d'un pied sur l'autre, osciller d'un pied sur l'autre, doubler le beat sur chaque pied, le quadrupler des mains, déplacer cette frénésie dans des mouvements complexes de bras et de tronc, y introduire des breaks, des hiatus, fausses errances habilement rattrapées, vrais lâchés instinctifs, trop concret, se perdre, ligne tracée sur le sol.

Trop concret : comme elle danse, cette petite Chinoise, mouvement circulaire des épaules vers l'arrière, recul d'un pied, flexion des genoux, regard vers le sol, puis jaillissement de tentacules griffus qui me déchirent dans une indifférence générale et justifiée, la mienne y comprise, trop concret, se ressaisir, ligne tracée sur le sol.

Trop concret : Inu de Mami Chan , comme le poison dans l'oreille d'un roi.

Trop concret : trop vécu, trop ressenti, trop sincère, trop souffert, trop cicatrisé, trop cristallisé, trop projeté, trop sublimé, trop indifférencié, trop fétichisé, trop référencé, trop émotionnel, trop refoulé, trop réel, trop concret, trop vécu, tropisme, ligne tracée sur le sol.

Trop concret : cherche encore et toujours les témoins de mon existence ; ai-je fait qu'elle a existé, cette petite Chinoise percée — elle ressemble trop à celles que je dessine —, lui ai-je apporté un peu d'essence, comme témoin, martyr ténu, silhouette indifférenciée et gesticulante dans pénombre paradoxale déconstruite par stroboscope, trop concret, Nosferatu-Ersatz-de-Poche comme m'est Céphalocoche-Grimace sur l'étagère, ses orbites vides : qui regarde qui, ligne tracée sur le sol ?

Trop concret : doinellisé moi aussi, avec autre chose aussi, un pied déchaux, dictionnaire dans la main, puis tablette, puis pierre, puis marteau, puis lame, puis carte, puis suspendus à des crochets eux-mêmes rattachés à des languettes de peau vive, comme bijoux de métal ornent ma peau vive, comme chante ou danse ou m'évanouis, ou m'enveloppe de peau morte, de chants morts, de danse morte, danse d'hier évanouie, comme petite Chinoise percée évanouie, un peu morte, morte d'hier, comme moi mort d'hier, comme métal mort en peau vive, comme moi vivant de métal en peau vive, comme moi mort de métal en peau vive de petite Chinoise percée de métal en peau vive, comme mort de métal, comme ligne tracée sur le sol.
Trop concret : exosquelette dégingandé de dure jouissance et de douce et facile désespérance, à la lueur d'un lent stroboscope, tout de mouvements assenés par les marteaux d'un sound system trop efficace, trop concret, les filles d'Amsterdam sont belles et aiment danser, les battements de leurs ailes s'entrechoquent et s'annulent sauf un en résonance qui brise acier bleu et béton armé de métal, maintenant tout est calme, ligne tracée sur le sol : dans le langage de chasse des tribus pygmées, la ligne tracée sur le sol représente le serpent — le serpent trajectoire danse baise s'inscrit.

Trop concret : écrire.

Ai fabriqué cette nuit dansée à A'dam avec petite Chinoise percée dansant comme à reculons pour que pénètre en moi-même, comme bite dans cul, comme l'ai vécue, sans fumer ni boire, ni ecsta (arrivé trop tard), comme serpent dans vagin, comme tous mes bras dans tous les trous comme, comme gestes branlant le clitoris de la danse comme, comme bête conjonction dans trou du cul de l'être, avec triste ironie et doux renoncement et âge triste et doux chœur funèbre et triste érection et douce complaisance et vieillissement et cela mérite une chanson que je ne saurais écrire, bien que je vais essayer et rater mon coup : "Le sommeil du moi
Est une petite Chinoise percée
Croisée une nuit à Amsterdam
Ne s'est aperçue de rien (trop concret).

Céphalocoche-Grimace regarde à gauche

Le sommeil du moi
Se construit sur des rythmes martelés
Dans l'air puant du temps
Ne s'est aperçu de rien (trop concret).

Céphalocoche-Grimace regarde à droite

Le sommeil du moi
S'invente en dépit
Elle
Ne s'est aperçue de rien (trop concret).

Céphalocoche-Grimace regarde devant

Le sommeil du moi
Est un dictionnaire
Et ses métamorphoses multiples le long d'une chaîne
Ne s'est aperçu de rien (trop concret).

Céphalocoche-Grimace regarde derrière

Le sommeil du moi
Une facilité et un bon mot
En attendant la fin, faute de finalité
Qu'on aperçoit de rien (trop con).

Céphalocoche-Grimace regarde à l'intérieur, ce qui lui est facile, et ce qu'il voit n'est pas joli-joli !"

6.

De la gentille drogue pour être heureux, et des crayons, des pinceaux, des stylos et du papier :
"Lorsque Wong Kar-wai m'a proposé d'être Faye dans Chungking Express7, nous ignorions tout de l'existence de B. — encore aujourd'hui, d'ailleurs — son crépuscule de la longueur d'un sabre sur une Hong Kong de rêve, d'avant la rétrocession, d'avant le blanc dans le roux, d'avant le masque de graisse, d'avant l'endurance à l'affliction, d'avant..."
Tout ce que le métal peut avoir d'effilé, combiné à tout ce qui vole, augmenté de tout ce qui parle, appliqué au défaut de la parabole, tout ce qui s'emmanche, se projette, associe sa masse à la gravité pour faire poids, participe des théomachies les plus crétines, tout ce qui germe et peut être fauché par tout ce que le métal peut avoir d'effilé, tout ce qui allaite et se lèche, tout ce qui est transparent et inscrit des images dans les rayons de lumière qui le traverse, tout ce qui explose au réveil, tout ce qui produit un son métallique, tout ce qui se feuillette et qui tranche et qui s'encule, et tout ce qui sert à écrire et dessiner, et autres psychotropes (danse des neurones) :
"Je m'appelle Fei Wong Chin Man, j'aime l'eau et les sandwiches, les chiens, toutes les couleurs, le volley-ball et la natation, suis née un 8 août à Beijing et je suis cool — avec les bras puissants de ma beauté, je peux étouffer dix mille hommes, et chacun d'entre dix mille se sentira pourtant dépositaire d'une infinie solitude..."
De planches et de terre, et de plastique, de verre, de papier, beaucoup de papier, et de lumières, blanches, jaunes et intermédiaires, de vibrations — combinatoires infinies — et de beaucoup de carrés et d'autant de rectangles s'est bâti le palais géométrique étançonné de nerfs et de tendons où petit à petit vient se réfugier dans les limbes du matérialisme dialectique un peuple larvaire — trace de cosmogonies approximatives, mythologies lacunaires, imaginaires collectifs édulcorés — aussi un palais d'encens et de battements d'éventail pour les images numériques de la Belle de Hong Kong, dans la cyanose de mon tube cathodique.
"L'axe de la terre basculé, la nouvelle Thulé dont je suis la reine horizontale aspire le tourbillon du ciel, ciel , ciel..."
De planches d'aggloméré plaqué et de terre modelée, plastique moulé, papier de verre, obscurités colossales à renvoyer fées dans leurs…
"Faye Wong = Fée et Reine = Reine des Fées = Fairy Queen = Titania..."
Défilement rapide en arrière, désordre, long temps passé, hésitation et volonté d'ancrage, tentatives, abandon à l'abandon ou à la velléité, plongeon dans l'incertain et l'enfin approximatif, comment dire…
Tel que je l'ai alors lu : "Le caractère wong qui en Chine désigne le roi est formé de trois traits horizontaux parallèles, le Ciel, l'Homme et la Terre, reliés en leur milieu par un trait vertical8" et je venais d'écrire : "L'axe de la terre basculé, la nouvelle Thulé dont je suis la reine horizontale…" et j'ai soudain compris : "Faye Wong = Fée et Reine = Reine des Fées = Fairy Queen = Titania..." avec bien entendu dans mes jeux grossiers de poétrisation Hong Kong comme Thulé et donc l'Est se substituant au Nord et Faye comme axe de mes fantasmagories à deux balles étendue de mes pieds à ma tête avec Shakespeare comme facile grand ordonnateur et un hasard bien venu pour que je puisse m'en émerveiller quelques jours et oublier puis aujourd'hui l'écrire tout vide et encore impuissant, mais c'est mieux ainsi — je ne veux pas croire.
Tout ce que métal peut avoir d'effilé m'entre dans le nez, les yeux, les oreilles, les tétons, s'y fiche ou non, cicatrise trop bien ou tourne au rejet, développe nécrose à divers stades avec jolies couleurs sans crayons, précipite fantasmes et tissu cicatriciel, pus et croûtes — ou grand rien toujours décevant, toujours déçu — puis tourne au bijou sans qu'on m'aime plus pour autant, dans le crime de gérer ma peau blanche, et osmotique.

Château de boîtes, plastique et carton, tresses de papiers parfumés, colonnes de fumée d'encens, petits tas de cendres comme des montagnes de Chine où agonisent les Immortels comme ni Mao ni moi sommes sûrs de vouloir y croire, comme il est question de cela et du contraire, et de celle-là aussi, mais qui s'évanouit quand je m'y cramponne trop tièdement, malgré ses plus ou moins mille sept cent entrées sur le Web :
"Jusqu'où puis-je soupçonner l'horreur et la contiguë fascination de Rose, ses mariages avec Jaune et Noir, et Gris, comment ils peuvent s'inscrire dans des carrés et des rectangles, je ne suis que Faye Wong et ma jeunesse m'affranchit des prétextes que l'on développe lorsque la descente s'amorce, n'est-ce pas, esclave..."
On me déteste pour cela, mais à quoi m'immoler qui soit plus délicieusement ridicule, à quoi pouvoir encore moins croire, quelle prison m'ériger qui soit moins transparente, comment me rogner l'esprit avec plus de réticence, comment m'affranchir moins d'une dépendance émotionnelle, qui être plus que moi-même — et puis quoi faire d'autre et mourir ?

Des yeux carrés, des bouches carrées, des oreilles et des narines, infiniment tristes où errent les ratés chimériques d'aucune tradition, juste issus d'un esprit velléitaire et communiqués à peu, palpitants faiblement sous le papier et le carton, sans noms à évoquer comme Céphalocoche-Grimace, sans os ni métal, infiniment d'ennui derrière cet avortement avorté, triste occident.

Les déesses d'Asie donc aux autels chromés ronds et carrés de verre, métal et plastique, éphémères comme l'électricité — dont on fait de si belles choses — et fugaces comme la trace d'un bistouri dans l'œil quand on a soin de ne pas s'enfoncer trop loin — Buñuel manquant de nuance, comme je l'expliquais au chirurgien — et touchant au ciel comme le Londres-Hong Kong de 11.20 pm — météore et satellite et ange-baleine avec un peu de gentille drogue pour affronter la nuit dans un monde sans fées ni Faye — fermées ces pages…
"Il ne sait pas ce que je chante, il ne sait pas ce que je pense, je ne pense rien de lui, il ne sait pas ce qui m'émeut et m'humidifie, il ne sait pas qui je regarde à droite, qui je regarde à gauche, il ne sait pas qui m'accompagne, il ne sait pas comment me joindre, il ne sait pas si je pleure, il ne sait pas me parler, j'emporte négligemment dans les bras puissants de ma beauté dix millions d'hommes à éparpiller dans l'espace, il ne veux pas croire..."
Musique : dans Minotaur9 de Marc Ribot, celui-ci joue simultanément de la guitare électrique et du cornet.


7. Chunking Express, Wong Kar-wai 1995.

8. Dictionnaire des symboles, Jean Chevalier, Alain Gheerbrant Editions Robert Laffont 1982.


9. in Sounds of a Distant Episode Fred Frith/Marc Ribot, Reinventing the Guitar Subsonic SR68 ©1994 Sub Rosa.


7.

Faye Wong, Faye Wong, Faye Wong, Faye Wong, Faye Wong, Fayette Wrong, Faite Ventre, Ventre Falaise, Ventre Lisse Baigné de Lames, Ventre d'Ondine, Ventre de Fée, Ventre Défait, Ventre de Reine, Ventre de Poupée, Ventre Extérieur, Ventre Stérile…

Quant à moi, je suis Miel-de-Mûrier son héraut, et je la hais !

M'allonge dans un lit de ferraille, un lit de tessons, un lit d'épines, un lit de branchages, un lit de vermine, un lit de poussière, un lit de silice, un lit de fausses notes, un lit de fausses dents, un lit de rectangles, un lit d'os brisés, un lit de cendres figées, un lit de gravats, un lit de verglas, un lit de charpie, un lit de viscères, un lit de carton, un lit de brisures, un lit de planches, un lit d'amour, le lit de Céphalocoche-Grimace, un lit de pétales quand même, m'allonge dans ta voix volatile telle qu'elle dégouline de mon blaster et que je suce et dont j'abuse.

Quant à moi, je suis Miel-de-Mûrier son héraut, et je la hais !

Démon : embrasse mon sein, suce ce téton, aspire la chaîne qui y est agrafée, entends comme je chante, suce l'anneau qui s'ancre à mon clitoris, replâtre de la langue la brèche par où me vide, entends comme je chante, surprends-moi de la nacre de tes dents contre mes muqueuses, érafle mes tendresses de ta barbe de ronce, entends comme je chante, mords ma langue et mords mes dents et crache dans ma bouche grondante d'un chant rauque et strident à la fois, remplis-moi de bois mort (qui renaît comme l'arbre poussé du bâton que planta Saint François d'Assise de retour d'Albanie sur l'île de Saint Machin, dans la lagune de Venise, là où on peut toucher une souche qui serait celle de).

Quant à moi, je suis Miel-de-Mûrier son héraut, et je la hais !

Ce qui court comme impulsion binaire le long des cheveux du réseau pour me parler encore de Faye Wong, petit poisson-serpent sur l'hameçon on line, comme elle est belle et comme sa voix est douce, et comme elle est loin, et comme ses CD sont ronds et brillants, leurs boîtiers carrés et transparents, et cela signifie sûrement quelque chose, et comme elle incarne à la perfection Faye dans Chungking Express, cette post-adolescente vide et capricieuse, et comme j'aimerais avoir d'elle un karaoké en vidéo-laser !

Quant à moi, je suis Miel-de-Mûrier son héraut, et je la hais !

Retour dans ton terrier au milieu d'une île plate du battement de semelle par grande danse et le tout vertical, retour et retourne dans ton lit noyé dans tes draps noirs comme amour déçu et voile extraordinaire et soudain grande fatigue — enfin je m'y attendais car peu dormi les nuits dernières, beaucoup dansé, pour pas grand chose.

Quant à moi, je suis Miel-de-Mûrier son héraut, et je la hais !

Petite en petite chose recroquevillée — croque chenille rampe de champignon en champignon plus psychotropes que létaux — petits soubresauts — nasillards — glitter — asthénie du dimanche pm — yeux arrachés et léchant le tube cathodique — on m'a toujours dit que l'on risquait des décharges électriques en léchant un tube cathodique, mais cela ne m'est jamais arrivé, dommage, je m'ennuie tellement.

Quant à moi, je suis Miel-de-Mûrier son héraut, et je la hais !

Comme je danse sur les harmonies ténues de musiques à danser, comme je singe grossièrement Gene Kelly parmi ses chérubins barbouillés de rose-mort, comme je braille les poperies amères des années quatre-vingt-dix, comme je me retourne mille fois dans mon lit chaque nuit et me ligote dans mes draps noirs, comme je me tétanise à la contemplation éperdue du plafond au-dessus du canapé du salon, comme j'ai froid et persiste, je déchiffre péniblement le non-sens du réel, etc…

Quant à moi, je suis Miel-de-Mûrier son héraut, et je la hais !

Limace : jette tes livres de science-fiction et viens me ramper dessus, ose, rêve, ronge, clapote dans mes intérieurs comme un jeune phoque luisant, ensemence, ose, rêve, ronge, bouche-toi les oreilles et hurle trois mesures de noisy pop10 pour te souvenir de ces années-là qui t'avaient promis d'autres enfants que de poussière et d'autres choses depuis à compte perdu depuis.

Quant à moi, je suis Miel-de-Mûrier son héraut, et je la hais !

Je suis un peu fatiguée — il est un peu fatigué -— elle est un peu fatiguée — je suis un peu fatigué…

Quant à moi, je suis Miel-de-Mûrier son héraut, et je la hais !

Supérieurement : m'affale et me laisse vaguer à l'onde d'une rafale de piano et rêvasser comme courir et ma tête tombe à droite anéantie par un crescendo de harpe, alors que mon sternum tressaute à coup de charleston et soudain j'ai honte : Faye Wong m'est sortie par l'oreille pendant que ma tête pendait sur mon épaule droite, elle est tombée sur le plancher en échardes, a roulé sous le bureau et s'est perdue parmi les livres, les cassettes vidéo, les CD, les dossiers éventrés, les haches, les pièces d'astronef…

Quant à moi, je suis Miel-de-Mûrier son héraut, et je la hais !

Hé, regardez le gros danseur comme il rampe maintenant dans la sciure du plancher dans l'inquiète inquisition de son désordre ordinaire, là où la Nonpareille s'est abîmée, comme il bouffe de la poussière et du papier sur la trace de sa flamme minuscule et renversée, confondue avec l'ordure quotidienne d'une adoration — oublieuse du sédiment des jours — pourtant les cristaux mous de la voix aimée continuent comme de la glace et de l'eau mêlées à fixer un point imaginaire de sa colonne vertébrale sinueuse à quelqu'étoile du firmament.

Quant à moi, je suis Miel-de-Mûrier son héraut, et je la hais !

Peut-être qu'elle se cache, mais à quoi bon : "Excusez-moi, Madame l'Araignée, auriez-vous dans vos chasses cruelles croisé l'adorable Faye Wong qui chut de mon oreille à l'instant ? — Cela se mange-t-il, Géant Monstre ? — Elle est pour mon âme ridicule la manne dont mes Asies de rêve revitalisent le vague, elle est l'enjeu d'une pensée anarchiste qui ne respecte rien et affecte de ne s'affoler que du plus grand néant, elle est ainsi parfaite et peut-être n'existe pas vraiment… — Cela ne s'est pas pris à mes soies, Géant Monstre, et c'est aise car je ne m'en nourrirais guère !"

Quant à moi, je suis Miel-de-Mûrier son héraut, et je la hais !

10. La- lala la la…

8.

De l'herméneutique d'une non-intentionnelle danse -— uchronique et atopique — comme carré rouge et coins d'os enfoncés dans le sein blond de la Argentina 1997 et retour absurde à l'absurde, et au retour, aux allergies, à la non-actualisation totale du néant d'aimer et de paraître : à gauche, Faye Wong, à droite, Céphalocoche-Grimace, facile dualité, implicitement fausse, est-il besoin de s'y appesantir ?

Punaisé à un coin, le carré incline à devenir losange.

Cercle blanc, base d'un large et court cône à lumière, bras de bois mécanique, cuivre et caoutchouc, tôle peinte, vis d'acier, gaines de PVC, rondelles de bakélite, charnières de plastique, sons électroacoustiques, percussions surmixées et basses suréqualisées, courant continu de 220 volts, clous d'acier en U, mâchoire d'os et dents d'ivoire et d'émail, mains de terre et de poussière, cornes, queues, crocs, griffes, becs, ailes, tentacules, langues, tétons, bites de terre et de poussière, etc…

Retourne-moi, enveloppé : la face externe de ma peau prend l'aspect d'un Teddy Bear de latex, assis sur le cul d'un crapaud-tête-dans-le-pot, quelques bâtonnets roses à l'extrémité noircie, petit tas de cendres d'encens comme des déjections d'arénicoles, marbre gris-rose de la cheminée condamnée, fil électrique gris, entropie.

Fouille-moi, à ma recherche, au fond de mon ventre, au fond de ma conscience, au fond du monde, avec les doigts, avec la langue, avec la queue, avec des outils, avec le Verbe, en chantant, en dansant, en évoquant des images, en recréant à partir de mouvement et d'espace l'acte d'être, en puisant au profond animal — la mémoire du corps — l'élévation de l'esprit détaché parce qu'attaché.

Frappe-moi de tous les coups qui s'encaissent dans la grande angoisse de nous tous — je sais qu'au moment même où j'écris ces mots, des milliers de types comme moi torturent des milliers de types comme moi, au nom de Dieu et de l'État, ou pour s'en venger, ou pour pallier leur impuissance face à Dieu et l'État, au nom de leurs petites bites mortifiées de valets du pouvoir.

Oublie-moi dans les quinze jours, c'est mieux ça comme.

Danse-moi sur Brazil, avec un éventail pour cacher mes/tes seins, un éventail chinois noirci à l'encre, au lourd parfum d'opium ou de santal, parfait pour jouer la Argentina 1997, ou la mort de l'ours dans le ridicule, ou le dernier dandy dans son dernier rôle et sa dernière danse révolutionnaire — une dernière révolution.

Mords-moi comme je te mordrais si tu m'ôtais le mors de la bouche, comme je te mordrais si je n'avais la bouche pleine du Verbe qu'y déverse mon cerveau qui fuit dans ma bouche mes sinus ma gorge ma main le trop plein des mots que je voudrais taire, que nul ne me connaisse, que chacun m'ignore et me garde à découvrir, comme je te mordrais si je ne voyais à travers toi les barreaux de ma cage et n'avais d'autre envie que de me coucher là et mourir, comme mordrait 7-Allo ?-Populace s'il lui restait des tendons pour actionner sa mandibule hérissée de dents acérées.

Embrasse-moi ! — Avec la langue ? — Avec la langue.

Repeins-moi dans la gamme d'un Lily van der Stokker, que ma mère ne me reconnaisse pas, j'aurai rendu à l'espace ses ténèbres et déposerai mon titre de Prince de la Nuit si en échange on me promet du plaisir à dormir.

Endors-moi.

Enregistre-moi avec toutes les affres technologiques de ce monde pour me rejouer — marionnette cent fois morte et cent fois à mourir, en boucle comme Ouroboros se suce la queue, petit veinard, avec une chaîne intérieure qui le manipule de l'intérieur : où l'on envisage que c'est contraint et forcé qu'il se rejoue à l'infini — comment puis-je m'en émouvoir au bout de tes bras ?

Remixe-moi en regardant ailleurs, car c'est bien d'ailleurs que : je me nourris, je te nourris, tu me nourris — d'un ailleurs dans l'autre, celui au bout du geste, un geste qui porte un éventail devant mes/tes yeux, lèvres et dents, seins, d'abord d'un coin de l'Europe à l'autre, ensuite à l'autre bout d'un continent, enfin au-delà tous les océans, là où l'on se trouve…

Ris-moi d'être si sensible aux rythmes du jour, aux rythmes de la nuit, heurtés, hachés, en rafales et canonnades, aux bass lines viscérales, aux wood on rock on bones augmenté de métal et de silicone, tu sauras qu'il est question d'essence et de vérité pour peu qu'il puisse être question d'essence et de vérité — qu'il s'agisse d'une plaisanterie ne fait aucun doute, il s'agit donc bien d'en rire.

Agglomérats de cellulose blanchis au chlore et tavelés de signes graphiques en longues déjetées de sens, en piles sur piédestal de plastique rigide parcouru en ses composants de courants électriques subtils et modulés, qui crachent et clignotent et gémissent en chœur avec d'autres machines à produire du sens à vivre faute de sens à vivre, arbres morts, couinements d'enfants morts, rectangles morts que l'on veut pourtant parcourus de courants subtils et modulés comme machines à produire sens et déjouer l'ennui de vivre : expérience #1.

Par exemple : she — mes seins sont comme des poignées de portes de placard, on dit que l’on hésite à les ouvrir sous prétexte que je pourrais être vide — je suis une danseuse ; je parle, gémis, baille, chantonne, pleure, murmure avec une voix de fée et disparais, bon.

Ressemble-moi dans tes lamentations sur toi-même et ton beautiful self à partager, ou cette réelle émotion d'une après-midi, quand tout était parfait, dans le frémissement d'un sanglot discret, spontané et sincère, dans la lumière riche fractionnée par les quatre faces d'un million de brins d'herbe, dans ce qui fut avant et ne fut pas après — un peu la vie.

Hulule-moi comme animal nocturne aux lourdes vibrations de nuits opposées, comme je me retrouve de l'une à l'autre dans une sempiternelle solitude, quand tout ce qui traverse la nuit me frôle et me caresse, jamais moins, jamais plus — comme je pourrais tout aussi bien m'habituer maintenant à m'envelopper dans la membrane de mes ailes et me suspendre à la charpente de mon grenier pour y attendre la fin du jour, who cares ?

D'ailleurs, mords-moi encore.

Lèche-moi où je suis humide, il y a une loi de contiguïté en cela, soulève-moi de la langue muette qui ne chantera jamais aussi bien qu'elle ne me fait chanter, serais-tu Lisa Gerrard ou Brendan Perry — que l'on me dise pourquoi ne pas le faire !

Opère-moi plastiquement que mes ex m'oublient une fois pour toute, qu'ils/elles ne me réclament plus ni argent ni attention, le mur de briques noires en face de ma fenêtre est le plus beau paysage et je vais aller danser cette nuit dès que l'anesthésie aura cessé de faire effet.

Entérine-moi d'ailleurs dans ma routine post-human hors démarche, changer de nom et de couleur d'yeux, se défoncer à l'endorphine post-effort, sourire et souffrir, se gratter sous les pansements, puiser chez Nietzsche l'envie de se percer la narine gauche et chez personne pour la droite, douter.

Jugule-moi quand je projette de construire, quand je me leste d'un paysage, quand je rameute mes troupes pour prendre d'assaut la maison voisine, quand j'imagine être quelqu'un d'autre, quand je laisse tomber mes graines à mes pieds, quand je m'assieds au soleil à la terrasse d'un café et que je regarde passer les petites filles en me disant qu'il y en a peut-être une qui…

Gêne-moi : il se pourrait que je me sente libre, serein, léger, heureux, autonome, ouvert, spontané, puissant, subtil, alerte, enjoué, paisible, maître de moi-même et de mon destin ou quelque chose comme ça — comment accepter cela ?

Pèse-moi ou l'une de mes dix-sept âmes ou toutes les rognures d'ongles que j'ai retournées à Maman-la-Terre ou les trois kilos de poussière de mes enfants de poussière auxquels ni le travail de mes mains ni celui de mon esprit n'a ajouté le moindre gramme ou le froid de ma nuit seul ou les trous dans ma peau où j'accroche des anneaux de métal ou…

Expose-moi à la Documenta X — mais je sais que je n'y étais pas ; expose-moi à la Documenta XI — mais je sais que je n'y étais pas ; expose-moi à la Documenta XII...

Oriente-moi, vers l'orient, comme on cloue toile à son châssis — puisse-t-il y avoir sur ma route un désert où me perdre et rencontrer quelque Véritable pour m'offrir thé et regard, me tendre un miroir où me perdre et rencontrer le corps reconstitué de mes déjections qu'il me faudra affronter pour finir au pied de la Grande Muraille et m'y perdre mieux.

Perds-moi dans les méandres de mes refoulements à la poursuite de la Argentina 1997 ou du mirage suivant et/ou précédent, volé, acheté, trouvé, emprunté, gagné, détourné, recueilli, accepté, approprié, accaparé, imposé, propagé — avatars et panthéon dont Faye manifeste le paradigme, aujourd'hui et dans les siècles et les siècles qui me restent à en survivre.

Lapide-moi que je me reminalise : ta roche aérienne à mon osmose implose en verbe frétillant et mon ventre bleu mâche et mâche et mâche et mâche et mâche et mâche et mâche et il aime ça et vire planète à volcans avec nappes de basses, gargouillements de timbales et lames de cuivres en ballets dans l'atmosphère reconstituée autour de ma nouvelle gravité — centripète et avide, pourtant en réserve l'envol de spores à venir et les trajectoires chromées d'aspirations douloureuses ; un univers en formation et sa musique.

Pisse-moi dessus bleu, jaune, vert, blanc, noir, orange, violet, rose, rouge, gris, marron… et plein d'autres couleurs !

Surfaces délimitées de lignes souvent droites, parfois courbes, toujours régulières, comme pauvres, compositions vaguement fractales, dans l'indifférence mais ordonnatrices de l'univers perçu, pensé, transposé et transporté comme électricité au repos sur des planches — une fois ou deux embrayeurs, cuillères catalytiques pour pensée, et maintenant ancrages géométriques et matériels d'un rebut d'écume douteuse, ambiguë, impudique, dont on fait un maquillage révélateur : expérience #2.

What’s wrong with the sea ?” Il/elle l’a entendu en rêve, ça au moins c’est du concret, ducon.

9.

Guerre à Lille — indépendantistes flamands contre japonais, je crois — qui trahir, par amour de quoi, comment se sauver après s'y être préparé toute sa vie, comment regarder cela à la télévision, en ferai-je une œuvre par appropriation ?

Céphalocoche-Grimace requiert pour qu'on l'honore…

Le mois de mai 200* en Flandres aura eu de remarquable ses outrances de ciel — au point que j'abandonne quelques instants mes histoires de cul et mes errements allégouriques pour en gratter deux mots — mais j'ai pris garde de laisser ma caméra dans son étui, que pourrais-je en fixer ?

Céphalocoche-Grimace requiert pour qu'on l'honore…

Les nuées grandiloquentes au-dessus des briques noires de Lille en guerre dessinent avec le même mauvais goût ce dont Erro a fait son système, selon cette absurde loi moderne qui fait qu'un artiste peut n'avoir qu'une seule idée dans sa vie et l'exploiter jusqu'à la vider totalement, à la grande joie de son galeriste.

Céphalocoche-Grimace requiert pour qu'on l'honore…

Tu m'ennuies — tu m'ennuierais moins si je t'avais garrottée sur une planche, un manche de hache dans le cul et une canette de Red Bull dans l'oignon, à te fendre les tétons au rasoir et te pisser dans la bouche — mais tu n'as envie de rien, tu t'ennuies, tu m'ennuies, tu m'ennuies plus que mes enfants de poussière qui pourtant sont pas liants-liants, pas causants-causants, pas émouvants, et qui bougent pas et fragiles avec ça !

Céphalocoche-Grimace requiert pour qu'on l'honore…

Ventres révélés entre T-shirt et Jeans comme sourires de Cheshire ou vulves horizontales — de monstresses, de sorcières, de banshees, de sylphides, de chinoises, de lamies, de stryges, de succubes, de walkyries, de shambleau — on reste à la mode à Lille en guerre…

Céphalocoche-Grimace requiert pour qu'on l'honore…

Éviter les barrages sur l'autoroute de Gand un vendredi soir pour aller danser au Fuse à Bruxelles.

Céphalocoche-Grimace requiert pour qu'on l'honore…

M'aime !

Céphalocoche-Grimace requiert pour qu'on l'honore…

Je mange des noodle soups rose fluo avec du soja en regardant à la télévision des documentaires sur les chamans du Népal qui boivent de l'huile bouillante dans leurs cloches et affrontes les nâgas des lacs d'altitude — je les assaisonne de cette feuille sans nom que j'aime tant et qui n'a pas d'effets psychotropes.

Céphalocoche-Grimace requiert pour qu'on l'honore…

Je me peins la partie inférieure du visage en noir, mon front clair par contraste est comme un ciel flamand au-dessus de Lille en guerre — un sniper se cache dans la lanterne surplombant les toits de la poste de la place de la République des Médiocres.

Céphalocoche-Grimace requiert pour qu'on l'honore…

D'un geste vif inciser d'une lame vive le contour du visage à prélever : os rouge.

Céphalocoche-Grimace requiert pour qu'on l'honore…

Je regarde une baigneuse à plat ventre sur un body board, abordant la plage les seins en avant, au bout d'une vague — c'est comme si l'océan m'offrait une naïade sur un plateau, mais pour conserver l'illusion je dois la refuser — à côté, au milieu d'un groupe de surfers, une fille nue, enceinte, tatouée, aux tétons percés, n'en finit pas d'avoir l'air heureuse : à quoi est-elle défoncée ?

Céphalocoche-Grimace requiert pour qu'on l'honore…

Je joue avec Clea, la fille de mes amis, elle a cinq ans, un peu hollandaise, un peu grecque, sachant juste assez de français pour me faire des blagues, mon nom est difficile à prononcer pour elle, mais j'ai toujours aimé l'entendre déformé par différents accents (espagnol, anglais, suédois, irlandais, japonais, allemand, hollandais…), cela toujours m'enchante, j'en veux plus, par exemple il me manque encore le cantonais — ce serait un peu comme si Faye Wong me parlait.

Céphalocoche-Grimace requiert pour qu'on l'honore…

De mai à septembre, le ciel Lille a surenchéri ses effets de nuées — ou c'est moi qui ai changé.

Céphalocoche-Grimace requiert pour qu'on l'honore…

Superchargé vole au ras de la piste de danse, de la rue comme cible d'un sniper enfin réalisé par la guerre comme à la télé, la télé où l'on peut lire les premières pages des journaux, les premières pages des journaux où l'on peut voir ce qu'il y aura à la télé — où il est question de danse dans différentes capitales européennes, cependant que nos maîtres se demandent les uns aux autres ce qu'ils ne vont pas faire pour ou contre la guerre, on ne sait plus.

Céphalocoche-Grimace requiert pour qu'on l'honore…

Je mange des champignons de Paris, des piments rouges au vinaigre et du vollkornbrott — me souviens aussi la lumière floue et jaunâtre d'une ampoule au Fréon dans un abat-jour de papier chinois — assaisonnés de vapeurs d'encens de mauvaise qualité : celui-ci me rappelle une chambre sordide où j'ai survécu quelques mois de mendicité — quand j'aurais plus d'argent, j'achèterai celui qui m'évoque ma chambre d'adolescent, j'y avais chaud et je n'avais pas faim, si j'y étais malheureux, cela me semble saugrenu maintenant, après…

Céphalocoche-Grimace requiert pour qu'on l'honore que l'on s'y applique : je m'y refuse…

Dansé toute la nuit à Berlin au E-werk ; le matin en rentrant par le S-bahn, je me dessine machinalement sur la main un sourire du Cheshire et le marteau et le compas couronnés d'épis de blé.

10.

Première tangence d'un soleil sur l'horizon : envoi de métal dans un plan de vue avec salutation aurorale et morbide de Faye Wong à travers le ciel vert — vert à venir, vert inéluctable -— voici venu le temps des psychostasies.

Sur un sol jonché de papier machine (A4) et de couteaux aux manches retaillés en godemichés anaux, me déroule lentement, très lentement, très très lentement, avec lenteur, avec intense lenteur, avec infinie lenteur, ma forme n'est pas tout à fait achevée, le rectangle ectoplasme me plaît bien, mais je projette grande puissance d'enflures de latex animal au relief marqué avec orifices osmotiques — les haches seront rangées à l'intérieur, bien du plaisir et de la douleur en perspective, plutôt celle d'Uccello d'ailleurs, structurée de piques et de hallebardes : genèse sous le signe de l'arme blanche, et du braquemart, bordel de dieu (peut-il en être autrement) !

Déjà suce tout ce qui peut être sucé, déjà me sens vide et à remplir, déjà pas assez de doigts (trop de trous, pas assez de doigts, aurais-je commis une erreur ? Ah voilà qui est plus orthodoxe — mais j'ai encore envie qu'on m'encule, ça commence bien), déjà trop pleine de cris menstruels à expulser à coups de bite, cris qui ne seront pas inoffensifs, déjà hyper sollicitée par tout ce gaz (N, O2, CO2, +…) au contact de mon enveloppe externe, forme doigts et langues moléculaires qui font leur office, oh, déjà…

Bon, où sont les âmes ?

Oups, une petite cabriole, nuque et genoux au sol, dis bonjour au ciel avec mes lèvres du bas maintenant en haut, qu'est-ce que j'm'amuse !

Oh, je suis très belle, c'est cool !

Quel est tout ce bois plat de planches d'arbres, quels sont tous ces conglomérats de cellulose, qu'est-ce qui éclate et tranche avec toutes les nuances du bleu au gris, sans compter les reflets, quelle est cette répartition homogène du noir sur le blanc, quelle est cette noire odeur de bête horizontale si bien mêlée à l'Art de la Fugue, et tout cet os et toute cette poussière qui vibrent au-dessus de la cheminée, sont-ils de l'âme — quoi que cela puisse être — et cette omniprésence du rectangle, que cache-t-elle, que révèle-t-elle, et ces quatre cylindres de bois vernis, comment se raccordent-ils à cet univers saturé de mort avortée ?

Ciel vert : attirée, atterrie.

Comme j'ai rampé je me redresse, lentement, très lentement, très très lentement, avec lenteur, avec immense lenteur, avec infinie lenteur, ma forme est de toutes les nuances de l'orange au gris, sans compter les reflets, creuse et gonflée d'air chaud, quitte tout contact si ce n'est celui de l'éther qui m'habille, un lambeau de bonheur hante cet univers de bois :
"Lorsque le rasoir conjure l'abominable fourrure abdominale, après avoir visité l'intérieur des lèvres, effleuré le clitoris, arrive la fragile félicité d'agenouiller, d'incliner, d'écarter les fesses et de défaire l'anus du duvet qui s'y accroche, de le réconforter d'un coup de langue, le corps déchiré par la souffrance voluptueuse d'une violente érection qui accompagne l'opération…"
Modifications qui s'imposent ; puis brusquement tout est aquatique, profond, lisse, doux, blanc nuancé, tiède mais avec brûlure, enfle et deviens cube ectoplasme avec larmes à dissoudre poussière, imprime dans ma chair rectangles et os autres, mon vide intérieur est si grand que me retourne comme un gant et fais du vide universel mon vide propre pour le remplir de l'univers dont chaque particule énergétique en translation trouve sa place et sa fonction pour stimuler le trop-plein de mon trop-vide : putain, quel pied !

Que d'amour, que d'amour !

Éjaculée dans le ciel vert par-delà terres et mers comme chaîne d'yeux de Faye Wong pour faire constat d'allégeance de cet obscur point de puissance près de la frontière belge, toute chair, accoste ce microcosme de poussière, d'os, de bois, de papier et de pensées lacunaires — d'un horizon à l'autre : langues, tentacules, chaînes, filets de bave, rubans de peau, éclair d'amour et de pouvoir, et donc ?

La chanson d'un mort :
"Putain, quelle superbe érection ! Dire qu'il n'y a personne ici pour en profiter !"
Soudainement écartelée sur vert rectangle avec soubresauts — raga avec gat en rupaktal : danse — avec sentiment diffus d'immense intersection de rien et de tout, de pétrification béate, d'envolée au bout de chaînes, longue et lente trajectoire crépusculaire et toujours poids de tout l'air de cette planète sur toute mon enveloppe externe comme serrée dans un poing.

Sur fond de nuit et de ruines : vibration soit infiniment lente, soit infiniment rapide, dessine aussi noir et de grande lamentation aussi du rouge séché en noir le grand pal — il est là ; attablé près de moi un gentil nécromant boit du jus d'orange et sourit doucement, il me parle de Sei Shônagon — holà, que se passe-t-il, ceci n'est pas la réalité que j'avais programmée, j'avais de plus gros seins aux tétons percés, des grandes bottes de cuir et pas de culotte, du sang à répandre et une mission et sûrement pas à minauder dans cette garden party : zaaag, sshiaa, klaaak, zaang, kabaang, tue kill hop tout est rentré dans l'ordre, j'avais une mission !

Interférence pensées faciles petite humectation petit trémoussement neutralisation gentillesse petite naïveté complaisance sourire — dents ciselées par l'art cruel et délicat et immanquablement morbide de Céphalocoche-Grimace un jour d'égarement esthétisme élégance trajectoire pli de peau de sens enveloppe gonflée d'une surface de peau lisse et inexpressive géométrie facile rythme séduisant timbre émotion facile facile.

Celle plane d'une planche de bois tachée d'encres, celle convexe d'une bonbonne de gaz de métal indéterminé, celle polymorphe d'une couverture de laine peluchée : surfaces de jeu et de non-jeu, surfaces de souffrances trouées/trouables ornées de ces trous si beaux lorsqu'il s'agit des ailes du nez, de la frange des oreilles, des tétons, de tout autre appendice qui appelle le métal du bijou, artifice plus que beauté, crime d'ornement puisqu'ornement est un crime et que la loi nous fait horreur.
"Lorsqu'un corps conducteur transmute sa chaleur intense du milieu en flexibilité des extensions, j'aime que cette suave mollesse se résolve brusquement en cuir dur et froid et lisse et noir et mordant — qui abrase ma joue quand on pose ses pieds sur mes épaules, meurtrit la chair de mes ventre et bas ventre — j'aime que ma langue remonte du talon dur d'une botte jusqu'à mordre au brûlant génital…"
J'en déduits quelque nouvelle danse — raga avec gat en tintal lent et moyen : danse — qui demande des nageoires qu'ad abruptum je suscite, nageoires d'otarie, nageoires de serpent de mer, nageoires de narval, nageoires de sirène, nageoires de salamandre, nageoires d'exocet, nageoires de murène, nageoires de requin, nageoires de calmar, nageoires de sous-marin, nageoires de missile mer/mer, nageoires de dragon, nageoires de Léviathan, nageoires de crocodile, nageoires de nâga, nageoires de Jette-à-l'Eau-Grosse-Calebasse, ce qui me confirme quelque terrible mission de lier l'homme à sa mort, lier la mort à l'aimer, lier et juger à l'aune de mourir et aimer, et s'ennuyer.

Que l'on réduise un arbre à quelques planches privées d'essence, sinon celle du rectangle, quelques feuilles de papier privées d'essence, sinon celle du rectangle, quelques bâtons, quelques allumettes, un bûcher pour le mort qui rêve encore et qu'il faut disperser dans les quatre directions, les quatre éléments, les quatre coins du rectangle, le sortir du trou par petites pelletées, les souffler doucement vers la balance moléculaire, gratter ce qui adhère, en respirer par inadvertance, trouver ça bon, recommencer, le sniffer petit à petit, trouver ça toujours bon et en rendre un jugement positif, en manquer définitivement, chercher des succédanés, se mettre à tuer pour en avoir encore.

Les quatre gardiens de poussières qui furent ses enfants forment un panthéon sur une planche et restent cois, immobiles, toujours inertes comme d'esprit humain — enfin ce qu'il faut ou ne faut pas d'esprit pour passer sa vie derrière le guichet d'une banque — hérissés de membres surnuméraires, tentacules, griffes, crochets, serres, rostres, crocs, épines, cornes, mains, bras, seins, bites, langues, qui brusquement m'inspirent et voilà qu'il m'en pointe !

Mon corps cylindrique s'arme et libérée ma voix se fait mélodieuse et me voilà chantante d'un chant qui s'harmonise avec la chanson d'un mort : raga avec alap, jor et gat en tintal moyen et rapide : danse — pourquoi pas, mes nouvelles excroissances s'inventent des mudra qui rayent les murs et barattent l'éther chargé de cendres et de poussière arraché à la chambre de mon épiphanie par l'élégante rage d'une danse doublée de quête, ou quête doublée de danse, avec chant en résonance qui fouille les sédiments de mémoire occulte…
"Lorsque vêtu d'une chemise de soie noire me soumets au jet de la douche et que la soie chaude lourde molle et plastique me suce de son embrassade mécanique d'ectoplasme, il faut que mes couilles se nichent dans l'écrin d'une bouche, qu'une langue Pygmalion remodèle ma queue — cela requiert du nombre, et c'est ainsi que le veux…"
Quoi ?

On lui a dit que sa vue ravivait une foi quand lui ne voulait croire en rien — on lui a fait des serments qu'il a cru à contre-cœur — on lui a fait miroiter des avenirs qui s'avéraient toujours être le présent — on l'a quand même sucé un peu — on s'est habitué à lui sans qu'il puisse en faire autant — on a vieilli en l'embarquant dans la manœuvre — on est un con.

Du moins si j'avais la faiblesse de suivre les dégoulinades de l'esprit suintant de ces murs, j'aurais pu racler de telles âneries, mais une neige visqueuse transpire des lattes du plancher et m'englue les tentacules — de découvrir que je pourrais être immobilisée m'en inspire le goût et je chie une soie dont je m'entortille par kilomètres et les murs, les escaliers, les toits, le pâté de maisons : dans cette gangue de séricine, fibroïne et débris d'architecture je me liquéfie, me décompose et recompose en un phalène cosmique qui d'un coup d'aile ascendant occulte le soleil — c'est donc la nuit — puis explose dans l'espace en maculant la moitié du globe de mes humeurs élémentaires.
"Tout ce que je puis tolérer d'une toison pubienne, c'est son contact contre mes fesses lorsque l'on m'empoigne par derrière, alors que des rubans arachnéens m'aveuglent et me ligotent, gorgeant mon corps d'une puissance immense destructrice jouissive dont je jouis de ne pas l'actualiser…"
La chanson d'un mort :
"Mon esprit démocratique s'accomplit dans la pratique sodomite, par communion androgyne…"
Etc…

11.

Pierre grise sur pierre grise sur pierre grise sur pierre grise sur pierre grise sur pierre grise sur pierre grise sur pierre grise sur pierre grise comme un mur gris : je vague nue dans le parc limitrophe, à mon passage, les fleurs se flétrissent, les arbres s'affalent comme des algues des Sargasses dans l'océan gris mon lavabo, j’erre grise revêtue de ma peau nue et grise, il va se passer quelque chose de terrible, mon ventre est tendu et sec, il va se déchirer et crever et décharger milles filles grises de terre et de poussière avec des sourires d'os, ça va être terrible, la nuit est saturée comme si le plus grand sound system de l'univers graillonnait quelque chose comme le Live Ed Rush Mix11, il va se passer quelque chose de terrible, comme si tout le gris de l'univers se concentrait dans mon ventre pour qu'il explose, j'ai besoin de me laver les mains, je n'arrêterai pas avant d'avoir fini.

De gris, il y a aussi l'acier des lamelles d'acier de mon corset avec vibromasseur incorporé et générateur d'antigravité qui fait que comme les girafes je ne touche jamais vraiment le sol, mais une girafe grise et renforcée d'anneaux de métal gris, fonte sans reflets, alliage d'aluminium brossé, acier abrasé mettant la peau à vif de qui s'approche de ma nudité grise et renforcée dans un rayon de sept mètres, et le regard à vif de qui oserait porter son regard sur moi, grise, qui repousse toute vie végétale au profit de la haine prédatrice, laissez-moi finir !

Quoi, ça ne colle plus, tu ne connais pas ma chaîne nébulaire pour t'opposer à moi, maintenant tu es mort et moins que végétal, pas encore assez mort puisque tu pues, je stériliserais ta carcasse si je n'étais déjà si loin et grise, d'autres problèmes se posent à moi, ainsi les étincelles qu'arrachent mes talons au basalte gris, dont la lumière délicate se décompose en couleurs niaises : j'invente en ce moment même la lumière compacte, grise et indiffractable, qui désagrège sur son passage toute substance transparente, sous les photons de laquelle la matière ploie et lutte pour exister, se trempe et se renforce.

Parfois je peux grincer d'un sourire d'os quand une bouffée de cendre et d'ozone mêlés m'arrache à cette hallucination olfactive permanente qui me plonge à chaque instant dans le trichloréthylène — parfois une aiguille d'acier perce de ma peau, la moindre de mes douleurs existentielles, et sa chute sur le sol réveille des vrilles d'échos stridents — ce n'est rien en regard des crachats de plomb, mercure, lames et acide fumant de mes tétons anthracite — que dire des exsudations pulvérulentes de mes orifices, des lames et les crocs qui en gardent les accès — et apogée de mon tourment, qu'on en prenne prétexte pour ne m'aimer point !

Pourtant je suis bien fatiguée, et grise, et fatiguée, et grise, et la fatigue me rend méchante, et inassouvie la faim qui abandonne rouille grise dans les déserts post-urbains, et le godemiché continu qui entre toujours et jamais ne sort, dissout dans mon venin intérieur, ne me maintient qu'en vie, sans joie ni bonheur, pourtant j'ai lu des livres.

Aurais pu avoir les yeux rouges, s'ils n'étaient pas gris.

Aurais pu avoir la langue rouge, si elle n'était pas grise.

Dans l'ombre, le gris devient gris foncé, dans ma lumière grise, la poudre en pluie qui me fait par le nez ce que mille kilomètres de plomberie neuve et raccordée me font par le bas —- c'est à dire pas grand chose, de la vie de base comme il parait qu'il s'en vit derrière les guichets des banques, mais chacun sa merde — se fait gris avec reflets de gris de cristaux inertes et pourtant, s'ils n'étaient pas gris, ils pourraient bien être rouges et n'être qu'un ectoplasme au lieu d'être composites…

Avant d'exploser à ma vue, les yeux des hommes pâlissent.

Mais j'ai peur de m'apaiser, que les aciers gris qui m'étançonnent s'assimilent trop à la flexibilité de ma peau grise et flexible et de devenir une flaque comme il parait qu'il s'en trouve le soir derrière les guichets des banques — qu'alors les cymbales grises et déchirantes qui dans mon hallucination auditive permanente me scient le crâne n'aient d'autres effets qu'une onde concentrique (con sans trique, que c'est triste !) quand alors l'alors de maintenant me trouve paroxystique comme une excavatrice Caterpillar de compétition sur une pyramide aztèque un soir de grand holocauste !

La grandiloquence me fait du tort, mais il est bien question d'incohérence et de mauvais goût, tout à la mesure du gris se vaut bien, et j'aurais pu évoquer aussi une nuit à danser sur du drum & bass sous trip, on ne fait pas dans la délicatesse ce soir, c'est un set bétonnage et enduit gris sous pression, et alors ?

DU GRIS DE TERRE STERILE ET DE CENDRES DE LIVRES DE SCIENCE-FICTION DE BAS ETAGE : QUI HABITE MA MATIERE GRISE, DELEUZE, DEBORS, BOURDIEUX ? NON, DICK, ZELAZNY, POWERS…

Je ne peux pas lire le titre du CD de Faye Wong que j'écoute, les titres de ses chansons (dont celles composées par Cocteau Twins), les paroles de ses chansons, je ne les comprends pas, je ne peux même pas les verbaliser, ce sont des idéogrammes chinois sans le moindre sens pour moi -— je n'ai pu identifier que ceux formant son nom — mais la douce et facile joliesse de sa voix, la suavité et l'insignifiance de ses chansons, l'évidence et l'efficacité de ses arrangements brit pop m'ouvrent peu à peu la porte à de nouvelles approches : pour l'écouter je dois faire l'effort de quitter mon univers de free noise et de beat nocturne, intéressant retournement de questionnement esthétique et perceptif…

Il est des chants qui percent dans les cuirasses grises de la beauté d'être insensible des bondes qui livrent les âmes hautaines à un bien seyant désespoir — on s'en amuse, avant de retourner ravager la terre grise avec des samples distordus désappropriés réarmés — tout en conservant grande vigilance du gris ne jamais tomber dans le noir : trop seyant.

Pierre grise qui vole et arrache la bouche et marque la joue d'un gris irisé, échappée de mains grises d'âmes grises et sèches — parfois un doigt sec et gris reste griffé à la pierre et vole aussi avec indifférence — on l'attrape au vol des lèvres du bas ou des lèvres du haut — la mâche du ventre pour construire nouveaux enfants de poussière ou l'assaisonne de soude caustique et de limaille de fer horripilée dans mon hallucination gustative permanente qui carde les nerfs noués de ma langue grise et trifide — à goûter les bitumes amers à venir.

Tous mes os gris sont rangés dans le sac mou de pythons tressés et calfatés — mon corps gris dont la viscosité ectoplasme épouse l'univers indifférent (il n'est d'ennui que de conscience), tous mes os gris sont plantés dans la graisse rance qui pare les lumières complexes qui viennent se détruire à ce contact, tous mes os gris sont sertis d'aluminium brossé qui fragmente la lumière grise en fragments de gris chutant en poussière grise le long de cette voie, tous mes os gris sont de l'os qui demeure des cachalots échoués, charogne minérale proliférante.

J'ai tué par goût gris et simplement être ondulante et grise — rien ne se déplace que rectilignement dans mon ombre grise et pourtant je chasse encore et ne comprends rien et ne veux rien comprendre, toute gonflée de vanité humide : en suintant de mes fentes, ses dégoulinades tracent dans la poussière grise de mon épiderme incandescent les cursives de mon infamie — qui les déchiffre doit mourir.

Mon infamie : elle n'est ni de remords, ni de regrets, ni de contritions, ni de revers, ni de dérobades, ni de circonstances, ni de conjonctures, ni de turpitudes, ni d'errements, elle est d'être — en l'occurrence être grise mais ce n'est pas lié, et fatiguée de poursuivre mon chemin de poussière, à lire chaque atome gris comme la trace contradictoire de l'être ou du non-être du fantôme solidifié qui me rêve — lui, je le tuerai.

Strophe après strophe, chant gris accompagné de flûtes en dolence monotone et d'un chœur de lamentations, de violons achromatiques et de tablas : sons gris, foncés dans les basses, clairs dans les stridences — il ne s’agit pas de nuances, mais de strict et froid dosage, celui de la teneur en carbone d’un acier, celui du millimétrage d’un scalpel mécanique s’enfonçant dans la fraise molle d’un organe malsain, celui du pourcentage d’humiliation paramétré dans l’évaluation du salaire d’un employé derrière un guichet de banque.

Tous mes gris sont PANTONE™.

Ventre de béton sous couche de glace grise, à la barbe invisible car infiniment vibratile de limaille vive, en couche de frémissement frénétique au moelleux d’une âcre lave — dont l’ultime mordant conserve juste assez de matière vivante pour que dans mon hallucination tactile permanente j’en conserve par ce supplice atroce la conscience de mes contours — flous dans leur matière en éternelle décomposition et nets dans l'exaspération de leur forme de douleur.

Quelque part dans mes infrastructures, il est donc prévu par humour noir des unités de reproduction de haute performance par lesquelles je pourrais me cloner infiniment et me répandre en essaims dans le désert gris de la réalité — parfois par désœuvrement j’expulse de mon cloaque un unique doppelganger pour un duel à mort — je pourrais me répandre en détails atroces de ce que mes pouvoirs monstrueux peuvent occasionner lors de ces combats, mais je suis maintenant si fatiguée, et grise, et fatiguée, et grise — affrontements dont bien entendu je sors toujours vainqueur, quel que soit le moi qui l’emporte, puisque je n’ai pas de mémoire.

Aimerais maintenant qu’une surface puisse réfléchir mon image grise et que de grande algarade de photons et de conscience naisse mon image réelle, toute construction hésitant entre la cohérence et l’impureté, gris d’image et gris de trame en superposition, incrustation, exclusion, produit, différence, gris optique de mots imprimés, gris de lames suspendues en trajectoires dans toutes directions, gris d’entropie dans l’horreur zen, et ce qu’un cri peut avoir de gris.

Et ce que le reflet d’un cri peut avoir de gris.

Un soir plutôt gris, du faîte d’un nid de charognes et de débris de métal, un souffle infime détache mon regard vers mon existence de presque deux mille mots…

Maintenant je ne sais plus pourquoi je raconte tout cela, il y avait je crois une urgence qui s’est délayée dans un fragment de temps, comment savoir — je me souviens juste de Faye Wong qui dans mon hallucination visuelle permanente est une image qui ne me regarde jamais vraiment, peut-être une cible pour moi ou une de mes semblables, et il me semble que les os de mon crâne ont pu à un moment ou un autre appartenir à une entité distincte de moi mais indistincte dans l’absolu, je me souviens aussi de beaucoup de gris comme une épiphanie, une mission dont je suis presque sûre qu’elle concerne quelqu’un d’autre, peut-être proche, il y a aussi un type devant un ordinateur qui se complaît aujourd’hui dans une écriture de genre, un type un peu transparent ou ayant perdu de la substance, car le tube cathodique rayonne gris à travers son crâne comme il revient encore et encore sur des mots encore, encore des mots, en gris sur gris comme les pierres d’un mur gris.


11. The Live Ed Rush Mix Torque, NUTCDOI © 1997 No U Turn Records Ltd.

12.

Dansais au Tribal — c'était dimanche, ou plutôt lundi — une petite Chinoise, pas la même, pas percée, du moins pas visiblement, pas sur le visage, le crâne rasé, ne dansait pas mais souriait merveilleusement — aujourd'hui j'affecte de savoir que je la reverrai.

Il n'est pas question de plastique ici, ou plutôt si, mais autrement, d'un gris moins profond, que la patine et la lumière électrique rabattent sur le verdâtre, sans que ce soit nauséeux, par adjonction notamment de plexiglas fumé — absence totale de lyrisme, enfin, respiration, accélération, suffocation, psychédélisme rythmique, bruitisme, parasitisme sonore, coins carrés, ligne sobre et élégante, essentiellement fonctionnelle, mais pas incompatible avec la volute d'encens.

Dansais sur le pavé (de la rue) comme minérale enveloppe et électronique telle, bombardé d'ondes lentes et gestes oranges, avec mes mains plates et comme inéluctable le sourire rond d'une petite Chinoise rasée, sourire un peu tordu aussi, trop jeune s'il est possible d'être trop jeune — peut-on dire d'une basse qu'elle est trop basse ?

De papier et d'isorel, liseré blanc sur noir et/ou noir sur blanc avec attache de métal terni et tranche brune — éclats de rouge débordant, trous de pointes de métal, inclinaison à quinze degrés avec deux points d'appuis (bois reconstitué avec plaquage imitation), double son de métal plein avec réverbération en triolet sur rythmique binaire complexe, glissandos de basses agissant sur le sternum, gris cendre d'encens froid.

Engendrais de cette rencontre : pas de morsures aujourd'hui, ou demain, juste pénétrer doucement d'un sexe de chair un sexe de chair — pas d'écailles, pas de métal, pas de lave, pas de mots, pas d'images, pas de danse, pas de lutte, pas d'amour, juste pénétrer doucement d'un sexe de chair un sexe de chair, comme si c'était possible.

Complexe dispositif de métal encrassé de peinture blanche avec ouvertures noircies, points d'attache condamnés mais tenaces sur rectangles de bois assemblés en un plus grand rectangle, lui-même partie mobile d'un autre rectangle projeté sur différentes plans compris dans d'autres dimensions de rectangles de couleurs et de matériaux divers, sifflets modulés sur trame de rencontre sonore entre percussions de bois et filtres électroacoustiques, grincements intermédiaires et par-là même œuvrant à la cohérence du tout, comme s'immisce la fumée d'encens.

Elle peut gémir ; si elle chante un peu, je peux danser un peu — il me faudrait être détaché, ivre d'une drogue que je ne connais pas encore, qui me manque et que je cherche, ce qui fait que je dois en essayer toujours — mais je suis prêt à partager, c'est même presque nécessaire (presque bleu… son crâne).

Angles droits par convention, surfaces planes par habitude, horizontales et verticales par fonctionnalité, échelle des matériaux du pérenne au précaire, structures et supports de plus en plus évanescents du minéral jusqu'à la pensée, du hardware au software, avec épanchements de désordre et d'illogismes esthétiques et/ou désinvoltes — rythmes brusquement déviés — dont une bouffée d'encens.

Explose en mille petites sœurs dans l'humus de l'exil en quête de cosmopolitisme pour s'affranchir : 1. d'être quelque part 2. d'être nulle part — course de la Reine Rouge sur rythmes de rotatives emballées à la mesure de mes doigts dans un ventre mille fois ralentis par le frottement de mes envies absorbées, à la mesure de mes doigts sur un clavier infiniment lents à m'extraire le cerveau par le nez et l'offrir sur une tranche de bakélite…

Mille syncopes rangées les unes derrière les autres sur les rayons parallèles de l'espace, milles trains d'ondes sur la courbe de Gauss qui s'organise de part en d'autre de la source d'émission, dont la substructure s'approprie tout élément même complexe — qui pourtant se réduit immanquablement à quelques plans de lambris de pin mort — mille coups sur la cambrure de l'absolu à l'enfler d'une résonance destructive, on croit l'apaiser par des mantras et des offrandes d'encens.

Ce soir (samedi) toutes les pentes de mes lointains rêvés convergent vers le Tribal où j'affecte de pouvoir trouver suffisamment de danse et d'œillades pour gonfler mes draps noirs, qu'ils ne m'étouffent pas cette nuit par ennui ou lassitude — je contrôle de moins en moins de choses dans ma chambrette…

Profondeur étayée de perspective facile, charnières rudimentaires de cuivre peint, divers angles d'ouverture de fermeture à effacement, ou fermeture — d'autre, par où on s'envolerait s’il était possible de s'envoler — à angle droit et volonté de bois sur baguettes vissées en soutien d'agonies musicales ou littéraires en substitut de bras alanguis, stupides rectangles morts en mirages stériles et cancer de papier, cancer de miroirs, cancer magnétique comme un champ de mines autour de mon lit de sacs de sables pour lâche repli et consolidation du mou dans un univers de coins, dans la facile séduction de l'encens en combustion.

Une crampe continue gauchit la commissure droite des lèvres et rive au visage une manière d'ironie douloureuse, joie pétrifiée qu'une inquiétude de proie dans le plissement des paupières tourne au pathos — ici je recompose, j'approfondis sciemment la fiction, comment faire autrement dans la fragmentation infinie de mon rapport au réel -— je voudrais aveugler cette bouche et oblitérer ce regard par une telle proximité que toute recul serait violence, mais il ne se passe rien.

Régulièrement trois plans se rencontrent et se concentrent en un point, dans le cadran duquel s'entrechoquent les ondes de différentes fréquences parvenant en trains réguliers et intentionnels, rencontres de matières et d'ondulations fluctuantes les unes comme les autres, sur des séquences d'échelles éloignées, selon des rythmes sollicitant plus ou moins la conscience du temps, cela frappe l'esprit dans une tentative hallucinée de s'investir dans un autre réel qu'un simple souvenir réveillé par l'odeur familière d'un ancien encens.

J'en fais comme tous mes mois avant moi un serpent vert et jaune, aquatique comme un iceberg dont on ne sait s’il est plus séduisant soupçonné que su, une grâce élémentaire et prédatrice qui danse une bien autre danse que la lente transe des soirs où c'est permis, un trucage de cinéma chinois dont toutes les cordes sont internes ou virtuelles et arrachent petit à petit l'âme à son refuge de protoplasme, jusqu'à ce qu'elle se retrouve sanglante et nue et prête à être gobée.

Lames lattes froides teintées grossièrement dans une ombre résignée, niche de bois et de marbre pauvre d'un espace suranné, semblant dérisoire de complexité comme le surmontent ces échafaudages rationnels de plans précis adaptés aux standards justement supposés dans une englobante approximation — du moins tout serait tel si les étranges contours d'une entropie déléguant son action à la désinvolture ne projetait sur la surface de bois ainsi constitué, pêle-mêle, logos, modes conventionnels de représentation, suites harmoniques et ces bâtonnets roses qu'épargne la braise agonisante de l'encens.

La lame affilée du maître samouraï — qui fractionne les atomes d'oxygène et de dioxyde de carbone se trouvant sur sa trajectoire, ceux-ci se recomposant en ozone et en molécules oxycarbonées complexes comme pour profiter de cette occasion d'accéder à un stade supérieur d'organisation de la matière, résidus orphelins de combats quasi instantanés — peut trancher la chair et les os d'un adversaire sans que celui-ci le réalise jusqu'à ce qu'il esquisse une contraction musculaire rompant l'équilibre et se voit tomber à ses propres pieds ; c'est ainsi que me laisse parfois la rencontre furtive de ce qui me semble le temps d'en être blessé être une beauté ultime — mais je n'en meurs jamais, et les blessures s'en réveillent aux heures sombres de solitude et d'amertume (trop lyrique, à éliminer).

Table de bois vibrante expulsant les basses harmoniques dans l'espace rectangulaire aux pans de molécules apparemment circonscrits — mais qu'en est-il vraiment, à quel moment (vibration) l'air cesse-t-il d'être air (oxygène, gaz carbonique, azote) pour se trouver être (alors qu'ils vibrent aux mêmes accords) : papier, tissu, carton, bois, plastique, verre, brique, marbre, plâtre, béton, acier, terre ou poussière, caoutchouc, vinyle, chair, encens ?
Arrive Lum May Yee : armure de stretch vert fluo bandant la poitrine, bottes de cuir noir lacées (elle dort avec un tee-shirt Tank Girl, une grimace sur chaque sein), hache Husqvarna à la main, elle veut en découdre — débarque de Singapour pour défier Faye…

Serpents (me suis rerasé le crâne, et graissé mes boots berlinoises, naîtrai plus facilement et saurai quoi lécher au passage) d'Asies saturant leur espace intervalle de métal nébuleux, une osmose irrépressible arrache à tous les aciers des molécules qui viennent s'y agréger, gaz suspendu se densifiant jusqu'à…

Faye Wong est là — son arme : une cicatrice féconde lui barre le ventre, se perd comme un coup de langue dans la toison qui lui repousse, elle est vierge et mère hélas, mais ce n'est pas de ces nauséeux miracles qui asservissent, juste un état charmant et insignifiant, un cliché médiatique indifféremment vrai ou faux, d'ailleurs, existe-t-elle vraiment ?

May et Faye tournent autour de la péninsule indochinoise, cercle ayant pour centre Da Lat, affectant de ne pas se regarder — pataugent dans les mers : de Chine méridionale, un peu des Célèbes, d'Andaman, de Sulu, de Java, les golfes du Siam et du Tonkin ; à chacun de leurs pas, les marins de ces eaux voient sous leurs jupes courtes des aurores boréales sanglantes et se vident de leur substance, restent à la surfaces les éternels sacs de plastique imputrescibles12

Bientôt tous les atomes de Fe de la sphère terrestre tendent vers la conflagration quand ils ne s'y ruent pas — suints d'hématite, limonite, magnétite, marcassite, minette, pyrite, sidérose, rouille, ferraille, limaille, tôle, acier, fonte, fers gris, blancs, rouges, et le globe se déséquilibre, trois millénaires de civilisations du fer portés à mille cinq cent trente cinq degrés fléchissent et s'avachissent dans un rot — plein de gens meurent comme dans les films où on s'en fout, ou comme dans les pays lointains où on s'en tape, tout le monde est mort, on s'en balance.

Et le fer de mon amour pour elles.

Protégée par le vide, Mir est épargnée, trois cosmonautes russes se regardent hilares : ils sont les graines d'une prochaine humanité — ils brisent le hublot à coups de bouteilles de vodka vidées avec allégresse13.

Et les fers de mon amour pour elles.

D'un tiers du fer de la terre se sont cuirassées — d'un tiers du fer de la terre se sont entrecognées — d'un tiers du fer de la terre ont tirées lumière et ondes sonores, il n'en est rien advenu, quelque chose dans cette débauche d'énergie a fait que le temps a été inversé et que nous en sommes encore à Lum May Yee débarquant de Singapour la hache à la main, les seins ceints de stretch vert fluo et les jambes de cuir noir, DECIDEE A EN DECOUDRE AVEC FAYE WONG QUI L'ATTEND DE PIED FERME, ventre barré d'une cicatrice féconde, personne n'est mort de cela, on meurt d'autre chose.
En fait, il ne s'est plus rien passé non plus au Tribal depuis ; j'y retourne boire de l'eau de temps en temps.


12. De ce qui se passe sur les terres, nous ne dirons rien, les journaux en parleront.


13. Ils se branlent dans l'espace et éjaculent en explosant dans le néant.