"Dieu est mort, on a retrouvé son cadavre
dérivant en orbite autour de Cassiopée en 2019"
Philip K. Dick, Message de Frolix-8.





jeudi 27 décembre 2007

19

Chanson de filles :
Et quand tu m'auras bien léchée
Enlève tes doigts
Et encule-moi
Maman, pourquoi les mecs n'ont-ils qu'une bite ?
Il faut choisir, la la lala
Pourquoi choisir, la la lala ?

Car j'ai bien deux trous à fourrer
Et même les doigts
N'y suffisent pas
Maman, pourquoi débandent-ils si vite ?
Il faut finir, la la lala
Pourquoi finir, la la lala ?

Les mecs sont bien mieux comme pédés
Ils manquent d'organes
Ils tombent en panne
Maman, pourquoi faut-il donc qu'ils m'excitent ?
pour en souffrir, la la lala
Pourquoi souffrir, la la lala ?
On se souviendra de Lum May Yee, assise sur sa caisse de jus de goyave, sur un dock de Singapour, jambes écartées face au détroit de Karimata, aspirant de sa vulve chatte sous sa courte jupe, des spires de brumes tropicales, recomposées dans son réacteur interne en chaînes se dévidant de sous les racines de ses ongles en nouvelles circonvolutions — des marins malais viennent les ramasser et les revendent en en taisant la provenance.

Une scintigraphie révèle dans la région du pubis un foyer de fission nucléaire tapissé de peluche rose, centre d'orbites de mots lointains transportés du méridien 0 par osmose, conséquemment au vide créé par ces recompositions atomiques.

Madame, elle crie !

Elle plie surtout — ce qu'elle recèle de cire — par nouveaux détours et retour de foudre, surtout, don't worry, ça l'interdit, cette barbe de larmes, pendant que — Lolicom — elle joue : le singe en sailor, la folle de Hong Kong, Singapour ou Amsterdam, qu'est-ce que j'ai fait ?

Rectangles de bois, six pour faire une caisse, un siège sur un dock ; Mei — elle peut s'appeler Mei, donc —, le coude gauche sur la cuisse gauche, le menton entre pouce et index grand ouverts déformant joues et lèvres en une moue un peu cocasse, un peu sombre, les autres doigts serrés dans la paume, les yeux sans cesse en mouvements saccadés, à apprécier vaguement toutes sortes de valeurs de gris.

Gris ciel, gris mer, gris route, gris carton, gris plastique, gris charogne, gris vieillesse, gris homme, gris métal, gris sonore, blanc sale, gris cathodique, gris sourd, gris migraine, gris Bruxelles, gris Japon, gris HK, IGB, gris trip-hop, gris rideau, gris amour, gris vie, gris peau, gris œil, gris hache.

Gris de labyrinthe gluant de vagues dans les bassins du port — une huile de sang gris en alourdit la naissance et la mort, cette huile coule maintenant des oreilles de Mei, poisse le fameux T-shirt Tank Girl qui comme une pieuvre grise lui agrippe les seins, lui suce les tétons, une flaque s'étale autour d'elle — les marins malais toujours aux aguets courent chercher des bidons, d'autres allument des poignées de bâtonnets d'encens.

L'AMBRE GRIS DE LA BALEINE MEI EST EN VENTE CONDITIONNE EN MINUSCULES BOITES DE PLASTIQUE VERT FLUO — SOUVERAIN POUR L'INVOCATION DE TOUT DEMON FEMELLE, GRAISSER LES LAMES DE HACHES ET REVIVIFIER AINSI LEUR POUVOIR FECONDANT, CAPTURER LES REPTILES, FAVORISER LA TRANSE DU SAMEDI SOIR.

Les chaînes, l'huile et l'encens consacrés à Mei — l'eau salée dont sa cosmogonie a pu faire l'essence de toute matière et le principe de tout… je ne sais plus quoi ; les trois piliers fondamentaux des formes, des matières et des couleurs, la théomachie avec Faye, l'apologie du pouvoir génésique du minéral sur l'humain sous forme de bijoux, armes, pierres, eau, etc, le bestiaire fantastique à base de reptiles et de crânes de porcelet si j'ai tout compris, la danse sous toutes ses formes, les mantras de Faye Wong, Hanayo25 et les Doopees26

Chansons de fées :
La la lala
La la lala
Officiante en exosquelette de plastique noir sobrement nacré (quelques reflets dans la lumière appropriée) et fibre de carbone, avec mâchoire prolongée, pinces et griffes thoraciques articulées, vertèbres éjectables, projections de feu et d'images animées, incrustations de métaux ouvragés, tatouages holographiques, de la dentelle noire un peu partout, bref, le grand jeu — elle est belle, hip hip hip !

ON RECRUTE DANS LA ZONE PACIFIQUE : VESTALES, BACCHANTES, PYTHIES…

Touche-moi, touche-moi, là (un os).

Chanson :
À quatre pattes on peut m'aimer
Puisque les chiens
Y arrivent bien
Maman, pourquoi n'aurais-je pas ce que je mérite ?
Il faut gémir, la la lala
Pourquoi gémir, la la lala ?
Pas une chanson de matelots, pas une chanson de marche, pas une chanson d'ivrognes, pas la chanson du meunier de Dee, pas la chanson d'un roi, pas une chanson de guerre, pas une chanson de carabins, pas une chanson de maçons, pas une chanson de supporters, pas un air d'opérette, pas une chanson de bonzes, pas une chanson de ménestrel — pas un sourire.

Purcell ou Monteverdi — la dentelle de leurs manches tachées d'encre — peuvent en avoir écrit la musique ; qui d'autre27 ?

DANS CETTE LITURGIE OU CHANTENT LES PIERRES ET LES LAMES — DEDANS…

Des seins : des poches de peau grise fermées au devant par des patelles vieux rose, empaquetées comme des chapeaux birmans, des champignons poussant sur d'autres champignons, des poignées de portes de placard28, des gifles molles pour avoir bavé, de l'air à gonfler les tissus de l'industrie humaine.

Faye Polymastos.

De l'eau : chemin de ciel répandu comme huile d'air sec, gris et salé, et de tout cela et tout cela, crachat total, et de tout cela et tout cela, et la mer de Truc face au port de Singapour avec les bateaux dessus et les marins sur les bateaux, les poulpes dedans à huit bites, le minéral sous sa forme caressante, forme pénétrante : l'ectoplasme dans la matrice de Faye.

Faye Anadyomène.

Du volume : comme les livres, comme les éponges de sang au revers des icônes qui font pleurer les vierges orthodoxes, comme les tatouages gonflés de seins, comme avoir écrit une danse dans un espace donné en lettres de gestes, comme évoquer un démon d'un grimoire, comme confondre la carte et le territoire, comme entrevu au ras des miroirs.

Faye Trismégiste.

Des awards : du show-biz, de la pub, de la télé, du cinoche, du glitter, du glamour, du porno, de la politique, de la religion, du pouvoir, de l'amour, de l'or, de l'art, de l'âme, de l'être, du rêve, du fantasme, du dedans, du secret, du profond, de l'intime, du mouillé, du gémi, du branlé, du sucé, du léché, du baisé, du craché, du joui, du crié, du glorieux, de l'obscène, du performatif, du XXIème siècle29

Faye Nike.

De l'espace : rien entre la palpitation douce d'elle-en-tant-qu'elle et tout, tout ce qui la touche, tout ce qui la peut aimer, rien qui la fait toute, brûlante de pouvoir et de sang, baignant dans l'espace, tout l'espace, l'espace ramené à l'espace, et tout l'espace proche de s'agglutiner — et le duvet de sa peau, et la toison de son pubis (selon son humeur et son bon vouloir, elle est glabre ou velue comme on peut l'aimer), et sa chevelure sont anodes et cathodes de l'amour qu'on lui voue alors.

Faye Digambara.

Shei2 shuo1 ai4 shang4 yi1 ge du4 hui2 jia1 de ren2
Wei2 yi1 jie2 ju2 jiu4 shi4 wu2 zhi3 jing4 de deng3
Shi4 bu4 shi4 bu4 guan3 ai4 shan4 she2 mo ren2
Ye3 yao4 tian1 chang2 di4 jiu3 qiu3 yi1 ge an1 wen3
— oh-woh — nan2 dao4 zhe4 mei2 you3 bie2 de ju4 ben3
Guai4 bu4 de ren2 dong4 bu4 jiu4 shuo1 dao4 yong3 heng2 30

Faye en son entéléchie.

FAYE EN SON ENTELECHIE, T'ENTENDS ÇA ?



25. Makaa na Shizuku Hanayo

26. Doopee Time Doopees , ©1995 For Life Records FLCF-3594

27. Peut-être David Bowie !

28. On dit que l’on hésite à les ouvrir sous prétexte qu'elle pourrait être vide…

29. Dont c'est…

30. Qui dit que quand on aime quelqu’un, on doit aimer son âme, sinon cela ne semble pas sincère ?
Serait-ce que peut importe qui l’on aime, on doit toujours demander de la sécurité ?
— oh-woh — J’aimerais vraiment être si naïve.
Impossible : n’y a-t-il vraiment pas d’autre possibilité ?
Comment cela est-il possible ? (op. cit.)


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